LA FEMME : La nuit dernière, j'ai rêvé que je retournais à Manderley. Manderley... Notre Manderley... Mystérieux et silencieux, comme il l'a toujours été... Des pierres grises brillaient dans le clair de lune de mon rêve... Les fenêtres reflétaient les pelouses verdoyantes et la terrasse... Alors que je me tenais là debout, calme et immobile, j'aurais juré que le domaine n'était pas un bois abandonné, mais vivait et respirait comme auparavant... Les fenêtres laissaient passer de la lumière... On entendait le doux bruissement des rideaux dans l'air de la nuit... Et ici, la porte de la bibliothèque était entrouverte ; mon mouchoir était posé sur la table, à côté du vase de roses. Je restais là, debout, j'écoutais... j'espérais... je m'attendaid presque à entendre le crissement des roues des voitures sur le gravier... à entendre des bruits de pas dans le hall... À y voir Maxim, debout, le sourire aux lèvres...
 

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MRS VAN HOPPER : Voilà Max De Winter ! Le propriétaire de Manderley. Il a l'air vraiment malade, n'est-ce pas ? On dit qu'il ne se remet pas de la mort de sa femme... Le pauvre homme, quelle tragédie ! Nous allons l'inviter à venir prendre un café avec nous. Oui, pourquoi pas, mon Dieu, il nous en sera reconnaissant. Rester assis là tout seul ! Je vais lui écrire un petit mot. Allons bon, où est mon stylo ?
 
LA JEUNE FEMME : Dans votre sac à main.
 
MRS VAN HOPPER : Après tout, nous nous montrons simplement amicales, il nous en sera reconnaissant. Rien de pire que de rester tout seul à Monte Carlo. La solitude est toujours plus difficile à supporter lorsqu'on est entouré de gens qui s'amusent. Et voilà... Portez ça au garçon et demandez-lui d'amener une autre tasse.
 
Ah, Mr De Winter, que c'est gentil de vous joindre à nous ! Je vous ai reconnu au moment même où vous franchissiez cette porte. " Tiens, voilà Mr De Winter ", me suis-je dit. " Voilà l'ami de Billy, Mr De Winter ! Il est en lune de miel, le saviez-vous? Il s'est marié le mois dernier, avec Dora. Billy me disait qu'à Palm Beach on trouve des gens vraiment très intéressants, ils passent de si bons moments !  Merci beaucoup. Vous connaissez Mr De Winter ?
 
MAXIM : Non.
 
MRS VAN HOPPER : Oh, c'est vraiment un endroit merveilleux, tellement "glamour"... Des fêtes tous les soirs !
 
MAXIM : J'ai bien peur que les fêtes ne soient pas ma tasse de thé.
 
MRS VAN HOPPER : Ah bon ? Oh, mon Billy les adore. Enfin, je suppose que s'il avait une maison à l'égale de Manderley, il n'irait pas faire la fête à Palm Beach. " Manderley"... N'est-ce pas le plus beau nom que vous ayez jamais entendu ? Mon Billy dit que question beauté, ça vaut bien toutes ces plages réunies. Comment pouvez-vous supporter de quitter un tel endroit ? Il y a bien d'immenses galeries, et des portraits de valeur inestimable ? Mr De Winter est si modeste qu'il ne l'admettra jamais, mais je crois bien que sa famille possède la maison depuis l'invasion des Normands, n'est-ce pas ? Je suppose que vos ancêtres ont souvent diverti la Cour à Manderley, Mr De Winter...
 
MAXIM : Pas depuis Ethelred, celui que l'on appelait " Le Malavisé "... En fait, c'est lors d'un séjour chez ma famille qu'il a reçu ce nom, il était invariablement en retard au dîner.
 
MRS VAN HOPPER : Vraiment ? Je n'en avais pas la moindre idée ! Mais mon histoire n'est pas très solide et les rois d'Angleterre me laissent toujours perplexe... Mais c'est très intéressant, il faut absolument que j'écrive ça à ma fille, c'est une étudiante brillante !
 
MAXIM : Comptez-vous rester longtemps ici ?
 
MRS VAN HOPPER : Eh bien, ça dépend, j'ai des amis très chers à Paris. Nous pourrions bien y faire un tour et séjourner au Ritz,
qui sait ? Un peu d'imprévu et de détachement ne font jamais de mal à personne, non ?
 
MAXIM : Que pensez-vous de Monte Carlo ?... à moins que vous n'en pensiez rien du tout ?
 
LA JEUNE FEMME : Oh, je... je suppose que c'est très élégant... un peu artificiel.
 
MRS VAN HOPPER : Elle est trop gâtée, Mr De Winter, voilà son problème. La plupart des filles donneraient jusqu'à leurs yeux pour avoir l'occasion de voir Monte.
 
MAXIM : Ne serait-il pas… improbable que leur vœu s'accomplisse dans de telles conditions ?
 
MRS VAN HOPPER : Je reste fidèle à Monte, l'hiver anglais me déprime et ma constitution ne le supporte tout simplement pas. C'est cet horrible brouillard que je ne supporte pas, à Londres. Vous n'en avez pas de tel à Manderley, si ? Oh, l'ouest du pays doit être charmant au printemps !
 
MAXIM : Oui, Manderley n'a jamais été plus beau.
 
LA JEUNE FEMME : Excusez-moi, Mrs Van Hopper, Madame Blaise nous attend à l'étage.
 
MRS VAN HOPPER : Madame Blaise ? Ma couturière ! Oh, mon Dieu, j'avais complètement oublié !
 
MAXIM : Il ne faut pas que je vous retienne plus longtemps ! Les modes passent si vite de nos jours qu'elles pourraient avoir changé d'ici à ce que vous rejoigniez votre chambre !
 
MRS VAN HOPPER : Ce fut un grand plaisir de vous croiser par ici, Mr De Winter. Vous devez passer nous voir et boire quelque chose, cette semaine. Quelques invités viendront peut-être me rendre une petite visite demain soir, pourquoi ne pas vous joindre à eux ?
 
MAXIM : Je suis sincèrement navré, mais j'avais l'intention d'aller à Sospel, et je ne sais pas quand je serai de retour.
 
MRS VAN HOPPER : Oh... J'espère qu'on vous donnera une chambre agréable. L'endroit est à moitié désert, alors, si vous n'êtes pas à votre aise, vous n'aurez qu'à faire un scandale. Votre valet a-t-il déjà préparé vos bagages ?
 
MAXIM : Je n'en ai pas. Peut-être souhaiteriez-vous vous en charger pour moi ?
 
MRS VAN HOPPER : Eh bien, mais... je... je ne pense vraiment pas... Peut-être pourriez-vous rendre service à Mr De Winter s'il a besoin d'aide. C'est une enfant capable... de beaucoup de choses.
 
MAXIM :  C'est une proposition charmante, mais je m'en tiendrai à la devise de ma famille : " Le plus rapide est celui qui voyage seul." Peut-être n'en avez-vous jamais entendu parler ?
 
MRS VAN HOPPER :  Quelle drôle de chose ! Numéro 2... Est-ce que c'était sensé être une forme d'humour ? Il faut prêter attention à ce genre de choses extraordinaires... Je me souviens d'un cavalier célèbre qui, dès qu'il me voyait arriver, se dirigeait en quatrième vitesse vers l'escalier de service. Je suppose qu'il avait un penchant pour moi, mais qu'il n'était pas assez sûr de soi ! Évidemment, j'étais plus jeune à l'époque...
 
LA JEUNE FEMME : Qu'est-il arrivé à Mrs De Winter ?
 
MRS VAN HOPPER :  Oh, ma chère, quelque chose d'horrible ! De tragique ! On dit qu'il n'en parle jamais, qu'il n'évoque jamais son nom. Elle s'est noyée dans une baie, près de Manderley.
 

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INVITÉ : Mrs Van Hopper m'a dit que vous faites de belles esquisses.
 
LA JEUNE FEMME :  Je dessine un peu, oui.
 
INVITÉ : Il faut que vous me présentiez quelques-unes de vos œuvres, je suis un grand collectionneur, toujours à la recherche de nouveaux talents, vous savez.
 
LA JEUNE FEMME :  Oh, je suis sure que ce que je fais ne vous intéresserait pas.
 
INVITÉ : N'en soyez pas si formelle, ma chère !
 
MRS VAN HOPPER : Oh, excusez-moi ! Mes mouchoirs ! Où sont mes mouchoirs ?
 
LA JEUNE FEMME :  J'arrive, Mrs Van Hopper ! Excusez-moi...
 

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MAXIM : Bonjour.
 
LA JEUNE FEMME :  Bonjour.
 
MAXIM : Poussez-vous.
 
LA JEUNE FEMME :  Non, je vous en prie !
 
MAXIM : Vous ne pouvez pas rester là, c'est tout trempé.
 
LA JEUNE FEMME :  Ça n'est vraiment pas grave du tout !
 
MAXIM : Non, laissez ça et ajoutez un couvert à ma table, Mademoiselle va déjeuner avec moi.
 
LA JEUNE FEMME :  Je ne peux pas, vraiment !
 
MAXIM : Pourquoi pas ?
 
LA JEUNE FEMME : C'est très aimable à vous, mais je vous en prie, ne faites pas ça par politesse, je suis très bien ici !
 
MAXIM : Je ne fais pas ça par politesse. J'aimerais que vous déjeuniez avec moi. Même si vous n'aviez pas renversé ce vase avec une telle maladresse, je vous aurais invitée. Venez vous asseoir. Nous ne sommes pas obligés d'engager une conversation, si nous n'en avons pas envie.
 
LA JEUNE FEMME :  Merci. Euh... du melon, s'il vous plaît, et une sole.
 
LE SERVEUR : Et comme boisson, Mademoiselle ?
 
LA JEUNE FEMME : Rien, merci.
 
LE SERVEUR : Merci, Mademoiselle. L'américaine ne déjeune pas mais la petite est casée !
 
MAXIM : Qu'est-il arrivé à votre amie ? LA JEUNE FEMME : Oh, elle ne se sent pas très bien ce matin.
 
MAXIM : Rien de grave, j'espère ?
 
LA JEUNE FEMME :  Le docteur pense qu'elle a la grippe, et il lui a dit de rester au lit.
 
MAXIM : J'ai été très incorrect hier après-midi, vous devez essayer de me pardonner.
 
LA JEUNE FEMME :  Oh, je ne...
 
MAXIM : J'ai eu vraiment honte de mon comportement, mes manières étaient odieuses. Ma seule excuse, c'est que la solitude m'a rendu terrible.
 
LA JEUNE FEMME :  Oh, vous n'avez pas été malpoli ! Pas plus malpoli que Mrs Van Hopper. Et elle ne voulait pas être malpolie, simplement... eh bien... simplement, elle pose beaucoup de questions, elle fait ça avec tout le monde. Tous les gens importants, c'est-à-dire, vous savez bien…
 
MAXIM : Je suis flatté, pourquoi Mrs Van Hopper pense-t-elle que je suis quelqu'un d'important ?
 
LA JEUNE FEMME :  Je pense... que c'est à cause de Manderley...
 
MAXIM : Elle est beaucoup plus âgée que vous. Serait-ce une parente?
 
LA JEUNE FEMME : Oh, non.
 
MAXIM : La connaissez-vous depuis longtemps ?
 
LA JEUNE FEMME : Eh bien, ce n'est pas vraiment l'une de mes amies, c'est mon employeur, elle me prépare à devenir dame de compagnie. Elle me paye 90£ par an.
 
MAXIM : Je ne m'en serais jamais douté ! Je ne pensais pas qu'il était possible de s'acheter une compagne ! Cette idée me semble assez primitive, ça rappelle les marchés d'esclaves orientaux !
 
LA JEUNE FEMME :  J'ai regardé la définition dans le dictionnaire. Ça disait : " une compagne est une amie inséparable ".
 
MAXIM : Pourquoi faites-vous cela ?
 
LA JEUNE FEMME : Eh bien... 90£, ça représente pour moi beaucoup d'argent !
 
MAXIM : Vous n'avez pas de famille du tout ?
 
LA JEUNE FEMME : Non, ils sont tous morts.
 
SERVEUR :Voulez-vous votre steak tout de suite ou plus tard, monsieur ?
 
MAXIM : Plus tard. SERVEUR : Très bien, monsieur.
 
MAXIM : Ça vous plaît, d'être une amie inséparable ?
 
LA JEUNE FEMME :  Il y a des choses que j'aime bien.
 
MAXIM : Ne trouvez-vous pas ça assez contraignant ?
 
LA JEUNE FEMME : Si, parfois, je suppose. MAXIM : Parlez-m'en.
 
LA JEUNE FEMME : Que voulez-vous que je vous dise ?
 
MAXIM : Dites-moi en quoi cela consiste, dites-moi quelles sont vos occupations.
 
LA JEUNE FEMME :  Je ne pourrais jamais !
 
MAXIM : Pourquoi pas ?
 
LA JEUNE FEMME : Je ne saurais pas par quoi commencer !
 
MAXIM : Faites un effort !
 
LA JEUNE FEMME : Je vous en prie, je ne préférerais pas.
 
MAXIM : J'ai l'impression que vous en avez honte.
 
LA JEUNE FEMME : Pourquoi dites-vous cela ?
 
MAXIM : Eh bien... C'est une impression... Une spéculation, rien de plus.
 
LA JEUNE FEMME : Eh bien... vous avez raison... c'est assez humiliant... Parfois, c'est très humiliant. Oh, hier après-midi, c'était horrible.
 
MAXIM : Que s'est-il passé ?
 
LA JEUNE FEMME : Eh bien, Madame Blaise a apporté des robes. Et Mrs Van Hopper en a acheté trois, elles étaient terriblement chères. Bref,
après, je suis descendue dans le hall avec elle, avec Madame Blaise, et elle a essayé de me donner 100 francs. Pour la commission,
m'a-t-elle dit ! J'avais tellement honte que je ne savais pas où regarder. J'étais si embarrassée !
 
MAXIM : Je crois que vous avez commis une erreur.
 
LA JEUNE FEMME :  Vous pensez que j'aurais dû accepter l'argent ?
 
MAXIM : Non, non, mon Dieu, sûrement pas ! Je pense que vous n'auriez pas dû venir ici. Vous joindre à Mrs Van Hopper. Vous n'êtes pas faite pour ce genre de travail. Vous êtes trop jeune, d'une part, et trop vulnérable. Blaise et sa commission, ce n'est rien. Votre vie sera remplie de "Madame Blaise"s, si vous n'y renoncez pas ; vous pouvez soit rentrer dans ce jeu et devenir vous-même une sorte de Blaise, soit rester fidèle à vous-même et finir brisée. N'avez-vous jamais pensé à l'avenir, je veux dire, en imaginant que Mrs Van Hopper se lasse soudainement de la compagnie de son amie inséparable, que va-t-il se passer ?
 
LA JEUNE FEMME : Je suppose que je trouverais un autre travail, ce n'est pas ça qui manque. Les magazines sont pleins d'annonces pour des postes de dame de compagnie.
 
MAXIM : Nous avons un point commun, vous et moi.
 
LA JEUNE FEMME : Qu'est-ce que c'est ?
 
MAXIM : Nous sommes tous les deux seuls au monde. J'ai bien une sœur, mais nous ne nous voyons pas souvent, et une grand-mère vieillissante à qui je rends visite trois fois par an sous la contrainte. Mais ni l'un ni l'autre ne sont des modèles en matière de compagnie. Il faudra que je félicite Mrs Van Hopper. Vous ne revenez pas cher, pour 90£ par an !
 
LA JEUNE FEMME :  Eh bien, vous n'êtes pas tout à fait tout seul. C'est à dire que vous avez une maison, contrairement à moi.
 
MAXIM : Une maison vide peut se révéler aussi isolante qu'un hôtel complet, et bien moins impersonnelle... Ainsi, Mrs Van Hopper est malade et alitée... Qui s'occupe d'elle ?
 
LA JEUNE FEMME : Une infirmière.
 
MAXIM : Vous avez donc un jour de vacances ?
 
LA JEUNE FEMME : Oui, en effet, je crois.
 
MAXIM : Que comptez-vous en faire ?
 
LA JEUNE FEMME :  Je ne sais pas, je n'y ai pas encore songé. Hum... Je vais peut-être aller faire du dessin.
 
MAXIM : Ah ! Notre amie inséparable est donc aussi une artiste !
 
LA JEUNE FEMME : Pas très talentueuse...
 
MAXIM : Il y a trop de vent pour aller dessiner. Venez faire une promenade en voiture.
 

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LA JEUNE FEMME : Est-ce que vous connaissez cet endroit ? Êtes-vous déjà venu ici ? ... Il se fait tard... Nous devrions peut-être songer à nous en retourner à l'hôtel... Il se fait tard.
 
MAXIM : Oui...
 
LA JEUNE FEMME : Vous êtes déjà venu ici ?
 
MAXIM : Oui, il y a plusieurs années. Je voulais voir si l'endroit avait changé.
 
LA JEUNE FEMME : Et alors ?
 
MAXIM : Non. Non... Il n'a pas changé. Comme c'est différent de la mer qu'il y a chez moi... Connaissez-vous le sud-ouest de l'Angleterre ?
 
LA JEUNE FEMME : Pas vraiment.
 
MAXIM : C'est un endroit unique au monde, surtout à cette époque de l'année. La mer semble d'ardoise, encore froide après le long hiver. On peut entendre la marée depuis la terrasse de Manderley, le bruit des vagues qui s'échouent dans la baie... Les jonquilles tremblent dans la brise du soir qui tombe. Il y a aussi des primevères... On les verra bientôt étinceler... Il ne faut jamais cueillir les fleurs sauvages, jamais... Elles devraient toujours demeurer là d'où elles viennent... Seule la Rose est encore plus belle une fois cueillie.
 
À Manderley, j'ai des roses pendant huit mois, chaque année. Des roses et du lilas... des branches pourpres de lilas... Il y a un petit sentier qui descend vers la vallée, avec des buissons énormes et des rhododendrons... sa beauté est enivrante, elle vous étourdit... vous coupe le souffle... Nous ferions mieux de rentrer, Mrs Van Hopper va finir par s'inquiéter.
 

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LA JEUNE FEMME :  Mes gants !
 
MAXIM : Aimez-vous la poésie ?
 
LA JEUNE FEMME : Oui, beaucoup.
 
MAXIM : Alors, prenez-le. Merci pour cette journée.
 

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MRS VAN HOPPER : À quoi avez-vous employé votre journée d'hier ?
 
LA JEUNE FEMME : J'ai... pris un cours de tennis.
 
MRS VAN HOPPER : Tant que je suis clouée au lit, vous êtes complètement désœuvrée, voilà le problème. J'espère au moins que votre jeu va s'améliorer. Rien de plus ennuyeux qu'un mauvais joueur. Vous servez toujours par-dessous ?
 
LA JEUNE FEMME : Oui...
 
MRS VAN HOPPER : Vous devez parvenir à servir normalement, sans quoi vous ne serez jamais une bonne partenaire. Et n'oubliez pas mon Taxol quand vous irez faire les courses dans la matinée ! Il y a de quoi s'occuper à l'hôtel, non ? Les voyages sont sensés enrichir l'esprit, alors, soyez une bonne fille, enrichissez le vôtre !
 
LA JEUNE FEMME : Bien, Mrs Van Hopper.
 

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MAXIM : Quel grand soupir !
 
LA JEUNE FEMME : Vraiment ? J'étais simplement en train de penser...
 
MAXIM : À quoi ?
 
LA JEUNE FEMME : Si seulement il y avait une invention capable de conserver les souvenirs en bouteille, comme des parfums... et leur essence ne s'évaporerait jamais, ils ne disparaîtraient jamais... et quand on en voudrait un, on pourrait le libérer et ça serait comme si l'on revivait cet instant, encore et encore.
 
MAXIM : Quels souvenirs, dans votre jeune vie, souhaiteriez-vous libérer en particulier ?
 
LA JEUNE FEMME : Oh, je ne suis pas sûre... J'aimerais garder ce moment-là et ne jamais l'oublier. Pourquoi faites-vous tout ça ?
 
MAXIM : Comment, "tout ça" ?
 
LA JEUNE FEMME : Vous ne faites que preuve de gentillesse, n'est-ce pas, vous êtes simplement charitable ? Vous avez pitié de moi... J'aimerais être une femme de 36 ans habillée en satin noir et portant un collier de perles.
 
MAXIM : Si c'était le cas, je peux vous garantir que vous ne seriez pas en train de me tenir compagnie. Oh, cessez de vous ronger les ongles, ils sont déjà assez laids comme ça !
 
LA JEUNE FEMME :  Je ne parviens vraiment pas à vous comprendre.
 
MAXIM : Oui, eh bien, ça n'a rien de très surprenant, nous ne nous connaissons que depuis une semaine !
 
LA JEUNE FEMME : Oui, mais vous savez tout ce qu'il y a à savoir à mon sujet... ce n'est pas grand-chose, je suppose, mais c'est parce que je suis jeune et que je n'ai pas vécu grand-chose à part la mort de certaines personnes, mais vous... Je n'ai rien appris de vous depuis le jour de notre rencontre !
 
MAXIM : Que saviez-vous alors ?
 
LA JEUNE FEMME : Je savais que vous viviez à Manderley, et que vous aviez perdu votre épouse.
 
MAXIM : Je vais vous dire la grande différence entre vous et moi : vous voulez préservez les souvenirs, je veux les ignorer. Le passé, pour moi, est amer et laid. Je veux recommencer ma vie depuis le début. Mais l'ennui, c'est que le passé - aussi déplaisant fût-il -, le passé exerce son pouvoir de fascination le plus puissant. Parfois, le parfum est trop fort pour la bouteille... et trop fort pour moi. Puis le démon essaye d'ôter en chacun le bouchon de liège...
 
C'est ce que j'ai fait lors de notre première promenade, quand nous sommes montés en haut de la falaise et avons regardé au fond du précipice... Je suis venu ici il y a des années, avec ma femme. Vous m'avez demandé si l'endroit était toujours le même, s'il avait un peu changé, non, il était identique... mais aussi, je m'en suis rendu compte, étrangement impersonnel... Elle et moi n'avions laissé aucune trace.
 
Peut-être parce que vous étiez avec moi... Vous avez réveillé le passé en moi... Vous m'avez affecté bien plus profondément que tous les lumières brillantes de Monte Carlo. Si je n'avais pas fait votre rencontre, j'aurais quitté les lieux depuis longtemps et serais parti pour l'Italie, peut-être... la Grèce, n'importe où ! Vous m'avez évité toutes ces... errances. C'est pour cela que je recherche votre compagnie. Au diable ma gentillesse et ma pitié à votre égard ! Je veux que vous soyez avec moi, voilà tout. Et si vous ne me croyez pas, libre à vous de partir tout de suite et de rentrer. Allez-y, trouvez votre chemin pour rentrer seule ! Allez !
 
LA JEUNE FEMME : S'il vous plaît, ramenez-moi à l'hôtel.
 

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MAXIM : Oubliez ce que je viens de vous dire. C'est du passé révolu et enterré, maintenant. N'y pensez plus jamais, d'accord ? Quand reverrai-je mon amie inséparable ?
 
LA JEUNE FEMME : Je ne sais pas trop ! MAXIM : Disons pour le déjeuner, demain, si cela vous est possible ?... À 12h30. Et promettez-moi... de ne jamais porter du satin noir.
 

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LA JEUNE FEMME : Êtes-vous sure d'être en état de vous lever demain ?
 
MRS VAN HOPPER : Bien sûr que oui. Je n'ai pas éternué mardi. Vous signalerez les courants d'air au manager.
 
LA JEUNE FEMME :  Oui, Mrs Van Hopper.
 
MRS VAN HOPPER : Je n'ai jamais vu de tels courants d'air, on se croirait assis dans un frigidaire ! Est-ce que Nora Middlesex est encore là ?
 
LA JEUNE FEMME : Je ne crois pas.
 
MRS VAN HOPPER : Et Max De Winter ?
 
LA JEUNE FEMME : Oui, je l'ai vu au restaurant aujourd'hui.
 
MRS VAN HOPPER : Quel homme bizarre... séduisant, mais bizarre. Difficile à comprendre, je dirais. Enfin, il était très différent avant la mort de sa femme. Quelle chose terrible ! Je ne l'ai jamais vue, mais je crois qu'elle était ravissante. D'une allure exquise, et brillante à tout point de vue. Ils donnaient des fêtes formidables à Manderley. Oh, ça été très brutal et tragique, et je crois qu'il l'adorait.
 
LA JEUNE FEMME : Ici la suite de Mrs Van Hopper. Oh, veuillez patienter un instant... Mrs Nicolson-Drewly est à l'appareil.
 
MRS VAN HOPPER : Oh, très bien, passez-la-moi... Helen ! Ma chérie, comment vas-tu ? Quoi ? Quand ? C'est vrai ? Oh, dieu soit loué ! Quand pars-tu ? Helen, écoute-moi, nous allons venir avec toi ! Non, j'insiste ! Oh, au diable l'Europe ! Helen, écoute, ma chérie, je t'en prie, je vais tout arranger et je t'appellerai demain vers dix heures, okay ? Très bien, allez, ne te fais pas de souci, Helen, garde le sourire et ne t'en fais pas. Au revoir, ma chérie !... Nous rentrons à la maison !
 
LA JEUNE FEMME : À la maison ?
 
MRS VAN HOPPER : Helen a reçu un télégramme de New-York, sa fille a l'appendicite, et il faut qu'elle rentre à la maison, et nous allons l'accompagner ! Je suis plus qu'écœurée de l'Europe, et nous pourrons revenir au début de l'automne. Êtes-vous excitée à l'idée de voir New-York ?
 
LA JEUNE FEMME : Je ne sais pas trop...
 
MRS VAN HOPPER : Comment ça, vous ne savez pas trop ? Parfois, je ne vous comprends pas ! Vous ne vous rendez pas compte que des filles de votre genre, sans argent, peuvent passer des moments merveilleux à New York ? C'est plein de jolis garçons... et d'activité ! Et vous ne serez plus aussi désœuvrée qu'ici ! Arrêtez de prendre un air si misérable, pour l'amour de dieu ! Je pensais que vous n'étiez pas attachée à Monte...
 
LA JEUNE FEMME : J'avais fini par m'y habituer.
 
MRS VAN HOPPER : Eh bien, vous n'aurez qu'à vous habituer à New York ! Maintenant, descendez tout de suite à la réception, et obligez le jeune employé à faire preuve d'un peu d'efficacité ! Dites-lui que nous partons samedi, et qu'il a intérêt à faire un peu avancer les choses.
 

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MAXIM : Bonjour ! Que se passe-il ? Quelque chose de grave ? LA JEUNE FEMME : Je suis venue vous dire au revoir, nous partons demain.MAXIM : Entrez ! Fermez la porte. Que diable êtes-vous en train de me raconter ?
 
LA JEUNE FEMME : Eh bien, c'est vrai, nous partons demain, et il y a tant à faire, j'avais peur de ne pas vous revoir. Et il fallait que je vous voie, il fallait que je vous remercie.
 
MAXIM : Asseyez-vous. Pourquoi ne m'en aviez-vous pas parlé avant ?
 
LA JEUNE FEMME : Eh bien, elle a pris cette décision hier, tout s'est fait dans une telle précipitation... Une de ses amies retourne à New York, et nous partons avec elle. Nous allons la rejoindre à Paris pour partir de Cherbourg.
 
MAXIM : Et elle veut vous emmener à New York avec elle ?
 
LA JEUNE FEMME : Oui.
 
MAXIM : Avez-vous envie de partir ?
 
LA JEUNE FEMME : Non, je déteste cette idée, je vais être très malheureuse.
 
MAXIM : Alors, ne partez pas.
 
LA JEUNE FEMME : Vous savez bien que je n'ai pas le choix.
 
MAXIM : Pourquoi ?
 
LA JEUNE FEMME : Pourquoi ? Eh bien mais, je travaille pour gagner ma vie, je ne peux pas me permettre de la quitter.
 
MAXIM : Voulez-vous prendre un petit-déjeuner, du café ?
 
LA JEUNE FEMME : Non, merci.
 
MAXIM : Alors comme ça, Mrs Van Hopper s'est lassée de Monte Carlo et veut rentrer à la maison ? Et bien, moi de même. Elle, en Amérique, et moi, à Manderley, que préférez-vous ? Vous avez le choix.
 
LA JEUNE FEMME : Oh, je vous en prie, ne plaisantez pas avec ça.
 
MAXIM : Je ne plaisante pas. Je ne plaisante jamais à l'heure du petit-déjeuner. New York avec Mrs Van Hopper, ou Manderley avec moi ?
 
LA JEUNE FEMME : Je ne comprends pas.
 
MAXIM : Le choix vous appartient.
 
LA JEUNE FEMME : Vous voulez dire... oh, vous voulez dire que vous avez besoin d'une secrétaire, ou quelque chose comme ça ?
 
MAXIM : Je vous propose de m'épouser, petite sotte !
 
LA JEUNE FEMME : Vous ne pouvez pas...
 
MAXIM :... Vraiment ? Pourquoi pas ?
 
LA JEUNE FEMME : Vous ne pouvez pas penser ce que vous dites.
 
MAXIM : C'est pourtant le cas.
 
LA JEUNE FEMME : Mais je ne fais pas partie de votre monde !
 
MAXIM : Qu'est-ce que mon monde ?
 
LA JEUNE FEMME : Eh bien, mais, Manderley... vous savez ce que je veux dire !
 
MAXIM : Je suis sans doute le meilleur juge de cela. Ah, vous pensez que je vous propose cela à brûle-pourpoint, n'est-ce pas ? Parce que vous venez de dire que vous n'aviez pas envie d'aller à New York. Vous pensez que je vous propose de m'épouser pour la même raison qui m'a poussé à vous emmener en promenade le premier jour, par gentillesse.
 
LA JEUNE FEMME : Oui.
 
MAXIM : Oui, eh bien, vous allez réaliser un de ces jours que la gentillesse n'est pas ma principale qualité... Vous n'avez toujours pas répondu à ma question. Voulez-vous m'épousez ?... Apparemment pas... Pardonnez-moi... Mon orgueil en a pris un drôle de coup... Je... croyais que vous m'aimiez.
 
LA JEUNE FEMME : Mais je vous aime vraiment, je vous aime terriblement. J'ai pleuré toute la nuit car je croyais que je ne vous verrai jamais plus.
 
MAXIM : Tu es adorable. Un jour, je te rappellerai cet instant, et tu ne voudras pas me croire. Oh, comme c'est dommage... comme c'est dommage qu'il te faille grandir un jour. Bien... l'affaire est réglée. Au lieu d'être la compagne de  Mrs Van Hopper, tu seras la mienne, et tes devoirs seront très semblables. Moi aussi, j'aime jouer aux cartes après le dîner, avoir quelqu'un pour me faire du thé. La seule différence, c'est que je... je ne fume pas de " Taksov ", je préfère les " Innos ", et tu devras veiller à ce que je ne sois jamais à court de mon dentifrice préféré. Oh, ma pauvre chérie. Je suis sûr que ce n'est pas le genre de demande en mariage dont tu rêvais. Nous devrions nous trouver dans une véranda, non ? Tu porterais une robe blanche, une fleur à la main ; on entendrait une valse jouée au violon, au loin, et je t'embrasserais passionnément sous un palmier, n'est-ce pas ? Tant pis... je t'emmènerai à Venise en lune de miel, nous prendrons une chambre dans un hôtel. Mais nous n'y resterons pas longtemps, parce que je veux te montrer Manderley. Qui va aller prévenir Mrs Van Hopper, toi, ou moi ?
 
LA JEUNE FEMME : Dis-le-lui, toi, elle sera si furieuse !
 
MAXIM : Est-ce que tu trouves cela très vieux, quarante-deux ans ?
 
LA JEUNE FEMME : Oh, non, je n'aime pas les hommes jeunes.
 
MAXIM : Cela te dérange-t-il de m'épouser dans peu de temps ?
 
LA JEUNE FEMME : Combien de temps ?
 
MAXIM : Eh bien, tout devrait être prêt dans quelques jours, dans un bureau, avec un contrat. Tu ne veux pas de trousseau ou d'une bêtise pareille ?
 
LA JEUNE FEMME : Tu veux dire... pas à l'église ?
 
MAXIM : Pas à l'église.
 
LA JEUNE FEMME : Mais que vont dire les gens de ta famille, ou tes amis ?
 
MAXIM : Ce n'est pas la première fois que je me marrie ainsi.
 
LA JEUNE FEMME : Je ferai ce qu'il te plaira. Oh, ce sera merveilleux !
 

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MRS VAN HOPPER : Eh bien, eh bien, eh bien, qui l'eût cru ? Je suppose que je devrais vous payer pour les heures supplémentaires... Vous aviez toujours plus d'une corde à votre arc ! Comment vous  êtes-vous débrouillée ? Vous avez eu de la chance que j'aie attrapé la grippe ! Maintenant, je sais à quoi vous consacriez votre temps libre... des cours de tennis, mon œil ! Vous auriez pu m'en parler !
 
LA JEUNE FEMME : Oui, excusez-moi.
 
MRS VAN HOPPER : Et maintenant, on dirait bien qu'il veut vous épouser, tant que l'occasion s'en présente ! Nouveau coup de chance pour vous ! Et vous avez aussi de la chance de ne pas avoir de famille pour poser des questions embarrassantes ! Vous êtes une sacrée chanceuse ! Fort bien... je n'ai plus rien à voir là-dedans...
 
LA JEUNE FEMME : Non.
 
MRS VAN HOPPER : Je me demande simplement comment ses amis réagiront. Enfin, je suppose que c'est son problème ! J'espère que vous réalisez bien qu'il est beaucoup plus âgé que vous...
 
LA JEUNE FEMME : Oh, il n'a que 42 ans, et je fais plus vieille que mon âge.
 
MRS VAN HOPPER : C'est bien vrai ! Dites-moi, ma chère, avez-vous fait quelque chose que vous n'auriez pas dû faire ?
 
LA JEUNE FEMME : Je ne sais pas ce que vous voulez dire.
 
MRS VAN HOPPER : Oh, eh bien, tant pis ! J'ai toujours dit qu'on ne sait jamais à quoi s'attendre avec les Anglaises, malgré leurs apparences de saintes-nitouches ! L'élu de votre cœur ne m'a même pas invitée au mariage.
 
LA JEUNE FEMME : Je crois qu'il ne souhaite pas qu'il y ait des gens ; rien que nous deux, pas d'invités. Et vous serez déjà en mer, alors…
 
MRS VAN HOPPER : J'espère simplement que vous savez ce que vous faites. On dit que c'est un homme difficile, et vous devrez vous adapter à lui ! Et vous aurez un rôle à jouer, en tant que maîtresse de Manderley, et franchement, ma chère, je vous y vois déjà ! Vous n'avez pas l'expérience nécessaire, vous ne connaissez pas ce milieu ! Enfin, vous parvenez à peine à faire face à deux personnes lors de mes après-midi bridge-salon-de-thé. Que direz-vous à tous ses amis ? Les réceptions de Manderley étaient réputées quand elle était en vie !
 
LA JEUNE FEMME : Quelles réceptions ?
 
MRS VAN HOPPER : Il ne vous en a pas parlé ? Je me demande pourquoi... Bien sûr, je vous souhaite beaucoup de bonheur, et je vous accorde que c'est quelqu'un de très séduisant. J'ai simplement grand peur que vous ne soyez en train de commettre une erreur monumentale. Une erreur que vous allez regretter amèrement ! Vous savez pourquoi il va vous épouser, n'est-ce pas ? Il veut de la compagnie, voilà tout. Ne vous flattez pas en croyant qu'il est tombé amoureux de vous. Ce grand manoir vide lui tape tout simplement sur les nerfs. Il veut de la compagnie, une compagne simple et docile. C'est pour cela qu'il vous a choisie, ma chère.
 

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MAXIM : Tu ne dors pas ? À quoi penses-tu ?
 
LA JEUNE FEMME : À toi... à Manderley... Quand j'étais petite, quand mes deux parents étaient encore en vie, nous sommes allés passer une journée de vacances dans le sud-ouest. Nous avons fait un arrêt à la boutique d'un village, pour que je puisse acheter des bonbons. Une de ces petites boutiques où l'on trouve de tout, tu sais. Juste à côté de la caisse, il y avait des cartes postales, avec des photos colorées... Pas très réussies, les couleurs n'étaient pas les bonnes, mais l'une d'entre elles était vraiment à couper le souffle... L'endroit le plus sublime que j'aie jamais vu. C'était un manoir de campagne, entouré d'arbres, et le gazon vert s'étendait jusqu'à la mer... Au lieu d'acheter des bonbons, j'ai acheté cette carte postale. Ça ma coûté la moitié de mon argent de poche hebdomadaire... J'ai demandé à la vieille tenancière ce que représentait la carte. " Eh bien, mais... c'est Manderley ! ", m'a-t-elle répondu. Ton Manderley...
 

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MAXIM : Comment te sens-tu ?
 
LA JEUNE FEMME : Nerveuse.
 
MAXIM : Il ne faut pas. Nous sommes presque arrivés à présent. En plus, je crois que c'est l'heure du thé. Pourquoi as-tu choisi cet imperméable ? Il n'a pas plu depuis des années ! Et... remets cette petite chose en fourrure correctement ! Ma pauvre chérie... Je t'ai emmenée ici en si peu de temps ! Nous aurions mieux fait de passer par Londres et de te trouver des vêtements.
 
LA JEUNE FEMME : Oh, ça n'a pas d'importance. Je ne pensais pas que c'était si terrible.
 
MAXIM : Rien de plus important que les vêtements pour une femme !
 
LA JEUNE FEMME : J'espère que je ne vais pas trop te décevoir.
 
MAXIM : Qu'est-ce que tu racontes ?
 
LA JEUNE FEMME : Je suis tellement ignorante, pour certaines choses...
 
MAXIM : Quelles choses ?
 
LA JEUNE FEMME : Les dîners, les réceptions, tout ça... Je ne saurai pas que dire, que faire, que... quoi porter, quoi commander, quoi préparer... Je ne saurai rien du tout !
 
MAXIM : Tu te contenteras de rester toi-même, et tout le monde va t'adorer. Tu vois les arbres en haut de cette colline ? Manderley est juste par là-bas ! Dans ces bois...
 

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MAXIM : Ne te fais pas de souci à cause du manoir. Mrs Danvers s'occupera de tout.
 
LA JEUNE FEMME : Qui est Mrs Danvers ?
 
MAXIM : La gouvernante. Une femme remarquable. Laisse-la se charger de tout. Elle te paraîtra peut-être un peu raide au début, mais c'est son caractère, il ne faut pas que cela t'affecte. Ah... Nous y voilà !
 
MAXIM : Tu aimes ?
 

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MAXIM : Maudite femme !
 
LA JEUNE FEMME : Qui sont tous ces gens ?
 
MAXIM :  Ne t'inquiète pas, tu n'auras rien à dire, je m'en occupe.
 
FRITH : Bienvenue à Manderley, Madame.
 
MAXIM : Nous voilà, Frith ! Il pleuvait à Londres, quand nous sommes partis. Le temps semble avoir été plus clément ici. Tout le monde va bien ?
 
FRITH : Oui, monsieur, merci, monsieur. Il n'a pas plu du tout ce mois-ci. Je suis content que vous soyez de retour, j'espère que vous allez bien. Oh, et Madame aussi.
 
MAXIM : Oui, nous allons bien tous les deux, Frith, merci. Un peu fatigués par le voyage, et impatients de prendre notre thé. Je, euh... ne m'attendais pas à un tel accueil.
 
FRITH : Ce sont les ordres de Mrs Danvers, monsieur.
 
MAXIM : Je m'en serais douté. Viens, il n'y en a pas pour longtemps. Merci beaucoup à vous tous pour être venus nous accueillir ainsi. C'est bon d'être de retour. Bien que ma femme ne soit jamais venue à Manderley auparavant, elle connaît l'endroit et y est déjà très attachée. À partir de maintenant, ce ne sera plus simplement mon Manderley ou votre Manderley, ce sera aussi son Manderley. C'est pourquoi je me joins à vous pour lui dire : " Bienvenue à la maison ". Oh, chérie, je te présente Mrs Danvers.
 
LA JEUNE FEMME : Enchantée.
 
MRS DANVERS : Bienvenue à Manderley, Mrs De Winter.
 
LA JEUNE FEMME : Merci.
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