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LIEN INTERNET
Il a décidé de continuer Sherlock Holmes jusqu'à la fin
Anglofile 1991 : He's decided to stick with Sherlock Holmes to the end
VERSION ORIGINALE
TRADUCTION FRANÇAISE
Il se passe quelque chose une fois de plus à Baker Street. Il y a quelques mois, Jeremy Brett déclarait à la presse britannique qu'il songeait renoncer à son interprétation applaudie de Sherlock Holmes dans la série télévisée de Granada, inspirée des histoires du grand détective de Sir Arthur Conan Doyle.
 
Mais il semble que Brett, dont la dernière série des histoires de Holmes est diffusée le 14 novembre et le 12 décembre dans "Mystery!" sur PBS, ait changé d'avis. En fait, il a déclaré à ANGLOFILE lors d'une visite à Atlanta en Octobre, qu'il pourrait terminer le tournage de l'intégralité du Canon! On verra prochainement en Grande-Bretagne "Le Maître-Chanteur d'Appledore" un hors-série de Holmes de deux heures basé sur l'histoire de Doyle "L'Aventure de Charles Augustus Milverton", dont Brett a terminé le tournage environ trois semaines avant sa visite à Atlanta. Chris Liaguno s'est entretenu avec Brett pour ANGLOFILE; voici la première partie de leur longue conversation ...
 
Vous avez dit à un moment donné, que la plus récente série de Holmes serait votre dernière ....
 
Ah, j'ai changé. J'ai pris une année sabbatique, qui pour autant a duré cinq mois en réalité, j'ai téléphoné à mes "anges" [Mobil et Granada Television] et j'ai dit que s'ils étaient d'accord, j'étais d'accord et j'ai eu leur bénédiction et ils ont dit oui ...  Nous vendons à quatre-vingt-trois pays aujourd'hui et au dernier qui est à peine démarché ... la Russie. Donc ils sont heureux, Mobil est content, car cela signifie que leur Pégase - vous savez, leur logo - va en Russie. Et mes studios sont heureux, Granada. Ils sont tous heureux.
 
Quoi qu'il en soit, je vais finir le calendrier. Je vais faire vingt autres films.
 
Qu'est-ce qui vous a fait changé d'avis ?
 
Eh bien, en grande partie parce qu'ils sont très gentils avec moi. C'est à dire, les gens d'argent sont en général plutôt pressés, mais pas les miens, et ils continuent à me donner des espaces pour pouvoir faire des pièces et des films. Je vais retourner faire un film avec Harrison Ford. J'ai joué une pièce en 1985 à Broadway. J'ai joué une pièce à Londres en 1987-88. Ainsi, grâce à ces petits intervalles, je peux le faire.
 
J'ai pensé pourquoi pas, j'ai juste assez d'énergie, et je peux m'en tirer avec deux cannes et les yeux bandés, mais néanmoins, je vais essayer de finir. Ils sont partants ... et justement j'en suis.
 
Alors vous allez persévérer jusqu'à ce que toutes les séries soient filmées ?
 
Oui, je crois .... Et bien, cela n'a jamais été fait auparavant, alors pourquoi pas? Essayons de le faire.
 
Dans le passé, vous vous êtes également exprimé sur le "fardeau" de jouer Holmes et de la façon dont, à un moment, vous avez souffert d'une dépression nerveuse. Comment vous en êtes-vous sorti ?
 
Eh bien, c'était davantage dû à la mort de ma femme [Joan Wilson qui a produit "Masterpiece Theatre" et "Mystery!"]. Et je pense qu'en fait, Doyle, la création de Sir Arthur Conan Doyle, "Qui-Vous-Savez", m'a peut-être aidé.
 
Comment cela ?
 
Eh bien ... Ce fut un tel choc. Elle est décédée le 4 Juillet 1985, assurément le jour pour aller, pour être Américain ... et j'étais complètement perdu. Et je ne pouvais vraiment trouver aucun intérêt aux choses, encore moins à Sherlock Holmes.
 
Et en 1986, j'ai eu cette énorme grosse dépression ... mais ce qui m'a remis sur pied c'était, comme nous le disons en Angleterre, de "me remettre en selle."
 
Oui, et je suis donc parti pour les studios et j'en ai tourné cinq autres et j'ai commencé à me sentir un peu mieux. J'ai repris le dessus - je continue encore - il y a vraiment environ trois ans. Ainsi, c'était la véritable raison.
 
Je pense que j'aime jouer ... Je ne crois pas que j'étais réellement bien choisi, en raison de mon répertoire. Je joue des rôles comme le Roi Arthur et Henri V, héroïques et romantiques .... Robert Browning, Lord Byron ... et les classiques ... Hamlet, dans mon jeune temps.
 
Ainsi préférez-vous jouer plutôt ces rôles-là ?
 
Oui. La provocation avec Holmes réside dans le fait qu'il est décrit par Doyle comme un homme sans cœur - uniquement un cerveau ... et c'est très difficile à jouer ou même à représenter.
 
Je me suis terriblement couvert de ridicule ... à mon essai caméra, remontant à 1983. Je ressemblais à une gargouille [rires] parce que j'étais tellement déterminé à paraître bien. Mais j'avais une ligne blanche le long de mon nez et du violet sous mon menton ... et mon producteur a déclaré: "Va-t-il y avoir un tant soit peu de Jeremy dans cette interprétation?"
 
Et je l'ai calmé un petit peu, mais ça reste toujours tout à fait... ce n'est pas le rôle le plus facile à jouer. Aussi c'est vraiment mieux de le lire, à dire vrai.
 
Pourquoi ?
 
Eh bien, les histoires jaillissent de la page imprimée. Par exemple, quand on dit: "Holmes rampe à quatre pattes dans les fougères cherchant un indice comme un golden retriever" [race de chien d'arrêt], vous vous l'imaginez. Quand vous le jouez [rires], c'est hystériquement drôle.
 
Et j'ai eu aussi des Watson merveilleux - j'en ai eu deux qui allaient dans ce sens [grognements] "Holmes recommence à le faire." Je veux dire dire, j'ai même eu des gens dans le studio, quand j'avais soudain rampé sur le sol, dire "Pas encore ce truc" [rires]. Et c'est le côté plus léger.
 
L'autre chose est que, bien entendu, si vous allez déjeuner à la cantine habillé - comme je l'appelle - un "pingouin blessé", personne ne voudra en fait s'asseoir avec vous, parce que vous ressemblez à un mort [rires]. Lorsque vous avez le masque, et les cheveux noirs et le costume noir, vous êtes vraiment encourageant à faire peur pour avoir un vis-à-vis à table.
 
Vous avez dit que vous trouviez Holmes plus facile à jouer. Comment maintenez-vous votre intérêt? Comment entretenez-vous ce challenge ?
 
Eh bien, je ne l'ai pas encore saisi. Il a tout le temps une longueur d'avance sur moi. C'est fascinant. C'est fascinant.
 
Je pense que plus je le joue, plus je me rends compte qu'il est impossible à jouer. Pour moi, mes grands modèles - bien sûr le grand Basil Rathbone, Robert Stephens, qui a fait le film de Billy Wilder, "La vie privée de Sherlock Holmes." Robert Stephens est mon meilleur ami en Angleterre. Je l'ai rencontré en Juin dernier, quand je suis allé le voir dans son excellente interprétation au théâtre et il a dit: "Tu sais ce que je pense? Le problème avec toi, c'est que tu n'as jamais réalisé une chose. Holmes est vide." Il a ajouté: "Quand j'ai essayé de le jouer, j'ai failli mourir ... j'ai fait une dépression, essayé de me tuer, des malheurs terribles, mais toi bien sûr, avec ta nature bouillonnante et pétillante, tu remplis tout ça juste avec du champagne et de l'eau Perrier. Ton puits est tellement rempli à ras bord, que tu as à peine remarqué qu'il n'y a rien à l'intérieur [de Holmes]. "
 
Le fait est que bien sûr, Robert et moi sommes le même genre d'acteurs. Nous sommes tous les deux ce que nous appelons en Angleterre, "Becomers" - vous devenez le rôle que vous jouez.
 
Ce que je fais, c'est toujours de construire une vie intérieure. Par exemple j'ai imaginé où Holmes était né; j'ai décidé à quoi ressemblait sa nourrice; il n'a pas vu sa mère jusqu'à l'âge de huit ans, probablement perçu le bruissement de sa jupe. La nounou victorienne n'a rien fait, à part le frotter et le nettoyer, le border dans son lit et l'abandonner. Il n'a pas rencontré son père avant l'âge de vingt ans, et c'était un petit homme fier et apeuré, comme d'ailleurs l'était son frère Mycroft.
 
Peut-être qu'il y a eu cette belle jeune fille, dont il est tombé raide amoureux, mais elle ne le regardait pas. Alors cela lui a brisé le cœur et il a pensé: "Eh bien, je ne serai pas rejeté de nouveau", c'est donc la raison pour laquelle il est comme il est.
 
J'ai donc construit cette vie intérieure [pour Holmes] qui était en fait une façon de sauver ma vie. Ce n'est pas facile.
 
Vous avez également dit que vous n'avez rien en commun avec Holmes et ...
 
Eh bien, attendez, attendez une minute, il y a quelque chose de plus insidieux que ça... Il s'immisce. Je dois le surveiller comme un aigle. Je dois être très prudent...
 
Une des choses merveilleuses relative à ce magnifique voyage d'agrément que je suis en train de faire, c'est que je suis en public, avec les gens.  Cela n'a pas été favorable ... je ne sais pas - quelque chose à voir avec la mort de ma femme. Cela m'incitait à m'isoler. Et je rendais Holmes entièrement responsable. Il est un peu envahissant.
 
Comment gérez-vous ça habituellement ?
 
Je sors beaucoup. Ne restez pas là, sortez. Mais j'en suis conscient. C'est probablement mon problème personnel, rien à voir du tout avec Doyle ou "Qui-Vous-Savez".
 
On se demande qu'est-ce qu'un "becomer". Etre un "becomer" signifie que je suis une éponge, d'accord, je suis un acteur. Vous extrayez le liquide hors de votre propre substance, et aspirez le liquide du rôle que vous jouez. Comme Stanislavski en Russie, comme la "Méthode" ici, mais ce n'est pas tout à fait la même chose. Et, si vous avez eu affaire à un homme sans cœur, vous n'avez obtenu qu'un trou.
 
Ainsi vous avez essentiellement nourri votre propre interprétation de vos réflexions sur ce qui devrait être ?
 
Oui, et j'ai glané des éléments le long du parcours.
 
Parce que vous êtes un "becomer", cette façon de faire vous a probablement aidé, vous et votre personnage.
 
Eh bien, ça aide, et aussi le fait que, chose incroyable, nous n'avons jamais vu Doyle avant. Maintenant, ne me demandez pas pourquoi, c'est ainsi, je ne comprends pas. Toutes ces années, personne n'a fait ses histoires. Ils ont fait des produits dérivés. Ils ont pris les noms de Holmes et de Watson, mais ils n'ont jamais fait ses histoires. Je ne vois pas pourquoi. Au moins cela m'a donné quelque chose à faire.
 
Aussi, le fait qu'il [Holmes] portait uniquement la casquette de chasse à la campagne ... qu'il ne fumait jamais une pipe calebasse - qui a été introduite par [l'acteur] William Gillette à New York, au tournant du siècle... qu'il fumait une longue et mince pipe en merisier quand il était d'humeur à discuter, et une pipe grise dans ses humeurs méditatives - c'est le début des "Hêtres-Rouges".
 
Ainsi toutes ces choses que vous pouvez trouvez chez Doyle, et lorsque les autres acteurs qui jouent Holmes mettent simplement la casquette de chasse, et sa cape et la pipe et y parviennent  directement sans effort, puff... puff... puff - et continuent ainsi de suite - c'est probablement le plus sûr moyen de s'exercer [rires] - mais ce n'est pas exactement être fidèle à Doyle. C'est seulement une image, comme un cliché, qui n'est pas la vérité.
Les enfants l'aiment.
 
Pourquoi ?
 
Je ne suis pas tout à fait sûr. [il sort le papier froissé d'un enfant couvert de dessins] De Michael McClure II, huit ans. [Regardant à nouveau la note] Holmes chevauche un dragon ... Je pense qu'il tue le dragon.
 
Il s'agit donc d'un modèle pour eux.
 
Je pense que les enfants l'imaginent en héros. J'ai appelé la mère [de l'enfant] ce matin parce que je lui ai écrit une lettre et je voulais m'assurer qu'elle était arrivée. Il l'a reçue à Saint-Louis, car c'était assez difficile d'aller à Saint-Louis... du domaine du rêve ... je veux dire, du point de vue d'un Sherlockien et d'un fan.
 
L'histoire de deux heures que vous avez récemment tournée, est basée sur "L'Aventure de Charles Augustus Milverton" de Conan Doyle, mais on a dit que le titre a été modifié pour "Le Maître-chanteur". Pourquoi ce changement par rapport à l'original ?
 
Eh bien, c'est la première fois et la raison est la suivante: nous avons fait trente-quatre films pendant neuf ans. Certains d'entre eux, et je suis sûr que Doyle me pardonnera de le dire, ont besoin d'un peu d'aide. Puis "L'Aventure de Charles-Augustus Milverton" est arrivée. Et Dame Jean, la fille de Sir Arthur Conan Doyle, qui est une femme merveilleuse et remarquable, a dit qu'elle aimait le script. C'est adapté par Jeremy Paul, qui je pense est l'un de nos meilleurs scénaristes. Et c'est un fait que "Charles-Auguste Milverton" est une histoire très, très courte, de seulement six pages. "Le Maître-chanteur" développe un peu plus que la simple histoire d'un maître-chanteur et d'un acte de chantage.
 
Nous en avons donc quatre. Et je dois dire que j'étais très nerveux quant à modifier Doyle, mais je crois bien que ça marche. Je ne l'ai pas encore vu, car nous l'avons à peine fini, mais les nouvelles sont bonnes. Je peux vous donner un autre exemple. Quand, bien avant votre naissance, je jouais Troilus dans Troilus et Cressida à Broadway, avec Rosemary Harris comme partenaire, le grand et immense Guthrie nous a dit: "A cet instant de la pièce, Shakespeare a besoin d'un peu d'aide." Eh bien, évidemment, nous étions si excités que nous pouvions à peine y croire [rires]. Vous essayez de vous élever, pour faire vivre Shakespeare. Et c'est véritablement ce que je pense maintenant ... nous avons fait les meilleures histoires. Un tout petit peu d'aide sera nécessaire, mais j'espère, en le faisant de manière subliminale et rigoureuse pour que ce soit Doylien.
 
Le problème avec les adaptateurs c'est que bien entendu, ce n'est pas un travail naturel. Adapter les choses signifie que vous n'avez pas réellement votre propre idée créatrice. Vous gagnez un peu d'argent en supplément. Par conséquent, ils essayent tout le temps de faire leur propre truc... Je m'assois là, lis le scénario et dis : "Mais ne pensez-vous pas que Doyle est meilleur ?" Cela a été le problème tout au long - essayer de faire Doyle. Maintenant, nous avons atteint le point où Doyle a besoin d'un peu d'aide, mais je vais surveiller ça du mieux que je pourrais. Et Dame Jean est très proche de moi, et elle obtient tous les scripts avant que nous les filmions. Donc, nous allons essayer de ne pas faire de tort à Doyle.
 
Pouvez-vous nous dire quelque chose sur le film et qui y joue ?
 
Eh bien, mon actrice principale est une merveilleuse actrice appelée Dame Gwen Ffrangeon-Davies, et elle a cent ans. Elle tenait les premiers rôles au théâtre - et je suis sûr que Doyle aurait pu la voir, parce qu'il est mort en 1930. Elle était la partenaire féminine de John Gielgud pendant trente ans, et elle a quitté sa retraite pour jouer. À la fin du film, elle a dit: "J'ai tellement aimé cela, je crois que je vais faire un film par an à partir de maintenant." Elle boit du champagne, fume des Camel [cigarettes], et c'est une scientiste chrétienne. Ainsi, j'ai juste trouvé la Science Chrétienne pour avancer [rires]. Je suis prêt, j'y vais.
 
Elle est merveilleuse.J'ai un remarquable acteur qui joue le maître-chanteur, Charles-Auguste Milverton. Vous l'avez probablement vu. Avez-vous ici une série que nous aimons en Angleterre, appelée "All Creatures Great and Small" ? Vous souvenez-vous du gars, le vieux vétérinaire ... Siegfried? Robert Hardy. Il joue le méchant. Sophie Thompson, la jeune sœur d'Emma Thompson, interpréte Agatha, qui est ma petite amie dans le film. Parce que Holmes porte un déguisement - je joue un plombier. Ma devise est: "Nous sondons les profondeurs." Elle s'entiche de lui. C'est une histoire assez horrible. Je veux dire, tout est dans Doyle, mais quand vous lisez: "Lady Diane tire dans la poitrine de Milverton à six reprises, puis lui écrase le visage avec son talon. " - tout va bien, vous pouvez le lire. Mais quand vous le montrez réellement....
 
Comment faites-vous ce genre de chose ?
 
Très prudemment. Sacrément prudemment.
 
Cela m'amène à cette question: Lorsque vous jouer un rôle, dans quelle mesure pouvez-vous intervenir dans le script? En réalité, participez-vous à l'écriture, non seulement de "Holmes", mais d'autres personnages aussi bien ?
 
Je vous raconte où j'interviens. Tout d'abord, les studios Granada qui sont situés dans le nord-ouest de l'Angleterre à Manchester, en 1983 ils m'ont engagé avec seulement une semaine de répétition. Et j'ai dit: "Je ne peux pas faire cela. Si vous voulez que je tienne, vous devez prendre soin de moi. Il m'en faut deux." Et bénis soient-ils, ils se sont arrangés pour que j'en ai deux. Donc, la première semaine se passe entre moi avec l'adaptation, le producteur et le réalisateur, et nous avons simplement - j'ai apporté Doyle - nous l'avons étudiée. Je la ramène à Doyle, mais ils ont fait l'adaptation et la mise en place avant. Ensuite, la deuxième semaine, les comédiens arrivent et nous répétons, afin d'y parvenir avec peu de répétition. En outre, cela donne tout ce temps aux chercheurs, créateurs de costumes.C'est un pur luxe et c'est ce que je connais - cette première semaine. J'essaie de ne pas être trop impertinent avant parce que je ne suis qu'un employé en tant qu'acteur, et les acteurs en Angleterre doivent rester à leur place.
 
WGBH a prévu seulement cinq épisodes dans la série des "Archives" pour "Mystery!" cet automne. Savez-vous quels sont leurs intentions pour "La Disparition de Lady Frances Carfax" qui n'est pas prévu ?
 
Six épisodes. Il y en a cinq actuellement, mais ils en retiennent un en gage. Ils restent dans l'expectative pour "La Disparition de Lady Frances Carfax." Le scénariste Trevor Bowen, et le [réalisateur] John Madden, qui est un gars plein de vie, sont partis et ils ont décidé qu'ils feraient leur propre Doyle, c'est donc le moins Doylien. Nous avons terminé tous ces films le 12 Décembre l'an dernier. Nous démarrons à nouveau le tournage en Janvier et j'en fais six l'année prochaine. Je pense que l'un est le "Vampire du Sussex" et l'autre le "Cercle rouge". Et ils seront probablement diffusés à la fin de l'année prochaine.
 
Quels sont vos projets pour monter votre pièce de théâtre "Le Secret de Sherlock Holmes" aux Etats-Unis ?
 
J'ai préparé cela quand j'étais à New York il y a deux semaines. Je vais la monter le 12 Janvier 1993. Nous avons eu un mauvais départ en Angleterre. Nous avons joué un an, mais nous avons eu un producteur très cupide qui l'a annoncée comme un thriller, et ce n'en est pas un. Je pense que les gens étaient un peu contrariés. Il n'y avait aucune enquête; c'est juste Watson et Holmes - Edward Hardwicke, et moi-même. C'est une pièce sur eux, leurs aventures et leurs relations. Si vous trompez les gens en disant que c'est un thriller - L'Affaire de Quelque Chose ... il n'y a pas d'affaire. Il s'agit de deux partenaires. Si nous pouvons rétablir la vérité et n'avons pas un producteur cupide sur le coup qui fait la même chose - car autrement je ne la jouerai pas - alors c'est l'idée. J'espère que nous allons faire une tournée. J'aimerais faire une tournée avant et après New York.
 
Des projets non-Holmésiens que vous auriez fait récemment ou qui sont en cours, comme le film avec Harrison Ford ? Pourriez-vous nous en parler ?
 
Oui, celui de Patrick Page. Je joue un Irlandais. Je leur ai dit de ne pas me le donner avant que je prenne l'avion de Chicago pour rentrer à Londres, parce que j'ai déjà bien assez à faire. Je suis sûr que ce sera bien et je suis reconnaissant que ... si content. Alors, j'ai écrit une pièce de théâtre.
 
Parlez-nous en.
 
Elle se joue à deux. Cela n'a rien à voir du tout avec Holmes et Watson. Il s'agit de quelqu'un qui est psychiatre, qui vit en Islande, et un homme très perturbé vient le voir. A la fin de la pièce, l'homme qui souffrait de troubles mentaux s'en va parfaitement guéri, et le psychiatre fait une dépression ... voilà essentiellement l'histoire.
 
Est-ce que la sortie est bientôt prévue ?
 
Eh bien, non. Je dois y réfléchir. Le premier projet est terminé. C'est juste un peu long.
 
Ne trouvez-vous pas que Holmes vous ait toujours un peu catalogué, ou vous propose-t on encore des rôles variés ?
 
On vient juste de me proposer Hector dans "Heartbreak House" de George Bernard Shaw, on commence les répétitions la semaine prochaine à Londres. On vient juste de me présenter "Henceforward" qui démarre cette semaine et qui est une pièce d'Alan Aykborn. Cela ne me gêne pas vraiment en fait [le stéréotype de Holmes]. Je dois être très reconnaissant à Sir Arthur Conan Doyle, car nous sommes dans la plus profonde récession en Angleterre, et seulement cinq pour cent des gens de ma profession travaillent. Je suis l'un de ceux qui travaille, donc je ne crache pas dessus.
 
La pièce d'Alan Aykborn est-elle une comédie ?
 
Oui, mais c'est une mécanique huilée. Elle ne me plaît pas. On m'a aussi demandé de présenter une avant-première au théâtre, que j'ai faite pour "Masterpiece Theater", mais ma chérie, Penelope Keith, ne veut pas venir à Londres parce qu'elle a connu des moments difficiles avec les critiques. Donc, je ne fais pas ça. C'est prévu de commencer à travailler en Janvier. Je pourrais juste avoir une chance d'aller skier et voilà tout.
 
Vous avez mentionné quelques-uns des rôles que vous aimiez dans le passé. Quels sont les rôles spécifiques que vous aimeriez jouer dans l'avenir ?
 
Eh bien, j'ai joué Prospero dans "La Tempête" au Canada en 1982. Je l'ai interprété sans barbe, en colère, et brun. Après tout, il est des Bermudes, et il fait très chaud aux Bermudes. Et j'avais une Miranda et mes deux esprits opposés de Prospero - Ariel et Calaban - qui sont joués par le même acteur. Et j'aime faire ça. Le National m'a demandé de choisir ce que je veux faire.
 
N'avez-vous jamais eu envie de jouer le méchant à un moment ?
 
Non, j'en joue un maintenant. Le rôle du méchant n'est pas pour moi. Je veux dire, Holmes est un homme adorable, j'en suis sûr, les mardis [rires]. Les méchants sont très, très ennuyeux à jouer. C'est tellement plus facile que les héros. Je viens juste de regarder, encore une fois parce que c'est la seule chose que je peux me procurer, "Robin des Bois - Prince des voleurs". Je pense que la plus grande star en Amérique en ce moment est Kevin Costner. Je crois que "Danse avec les Loups" est probablement le plus grand film que j'ai jamais vu - l'un d'eux. Il parle d'amour au cœur de l'Amérique, ce que j'adore. De courage, de force et de la lucidité des pionniers. Et il est excellent comme Robin des Bois, et je crains qu'Alan Rickman, qui joue le shérif, soit consternant. Je lui ai dit: "Maintenant, je sais que vous jouez un méchant, cher ami, je sais que vous essayez de protester, je sais que vous tentez d'obtenir un meilleur rôle pour le prochain, mais si vous en faites trop, c'est honteux."
 
Les Américains l'aiment [Rickman]. Quand il jouait tout en nuances dans "Piège de cristal", personne ne l'a remarqué. Beaucoup de gens disaient que le méchant éclipsait Kevin Costner dans "Robin Hood."
 
Je pense qu'il est en disgrâce. C'est un très bon acteur également, ce qui empire les choses. Il était remarquable dans "Les Liaisons Dangereuses" au théâtre. Pourquoi a-t-il fait ça - le désespoir ou quelque chose. Mais Kevin, c'est mon nouvel héros. Mon vieil héros, bien sûr, est Robert De Niro.
 
Ainsi De Niro est votre idéal ?
 
Oh, j'espère que je pourrais trouver un rôle [dans un film avec De Niro]. Je pensais que peut-être je pouvais prendre part dans "L'Eveil". Mais je ne trouve pas ma place dans "Voyage au bout de l'enfer". Je ne correspond pas à "Raging Bull". Je donnerais mes canines pour travailler pour lui, ou avec lui, peu importe. Oh, je pense qu'il est merveilleux. Quelle inventivité, quel courage.
 
Quels sont vos passe-temps en dehors du métier d'acteur ?
 
Tir à l'arc. Équitation. C'est pourquoi j'étais si impressionné par Kevin [Costner]. Il s'est donné la peine d'apprendre. Il a vraiment pris son temps, il a vraiment appris.
 
Quoi d'autre ?
 
Piano. [longue pause]. Mon encens.
 
Votre encens ?
 
Mon tabagisme [petits rires].
 
Ah, une méditation en fumant.
 
Oui, je médite et pratique le yoga. Je m'assois jambes croisées, et essaye de ne pas trop léviter. La plupart du temps, je suis par terre de toute façon, j'essaye donc de garder les pieds sur terre [rires]. Holmes fait du yoga de temps en temps. J'ai médité selon le Maharishi, mais c'était le yoga pour Holmes. Il y a beaucoup de bonnes choses sur lui. Je dois faire attention à ce que je dis.
 
A propos de Holmes ?
 
Oui. Il est un défenseur de la loi. Il fait aussi sa propre loi. En d'autres termes, il relâche les gens et Scotland Yard déclare: "Comment pouvez-vous faire ça ?" Il aime aussi les enfants parce que je me suis demandé où se canalisait son amour. Car personne ne peut être ainsi [insensible]. Mais je pense qu'il y a là un indice avec les Irregulars de Baker Street, les gamins de la rue, et je crois qu'il les paie ... vous voyez, je suis de nouveau dans le fantasme.
 
Mais il semble que cela vous aide réellement dans votre interprétation.
 
Oui. Ainsi chaque fois que je peux, les Irregulars sont à mes côtés. Je pense que Holmes aime les enfants.
 
Est-ce cela que vous admirez le plus chez lui ?
 
Je pense que c'est son pouvoir de déduction qui est - vous voyez, les enfants le possèdent jusqu'à l'âge de huit ans, et puis ils le perdent, parce qu'on leur demande de ne pas regarder par la fenêtre et de se concentrer sur leur latin. Sir Arthur Conan Doyle a doté Holmes des antennes d'un enfant. Il y a autre chose également - l'intuition féminine, dont je n'ai pas pris conscience avant de le jouer pendant un moment. Il progresse par petits bonds. Vous savez comment une femme peut avoir une réponse, alors qu'un homme doit travailler dans ce sens et obtenir tous les faits ?
 
Avez-vous développé cela ?
 
Je l'ai acquis en jouant [Holmes] au cours des neuf dernières années. Je pense qu'il est probablement aussi un modèle, exigeant d'être désiré, à un ou deux égards. L'un est le fait qu'être indépendant est réellement très dur et il l'est. Je veux dire qu'il fait appel à Watson seulement pour payer le loyer. Il n'a pas vraiment besoin de Watson. Pour moi, Doyle a besoin de Watson car il a besoin d'une autre personne ici pour raconter l'histoire.
 
Vous ne pensez pas que Holmes ait besoin de Watson ?
 
Pas vraiment. Je ne crois pas que Doyle avait cette intention à son égard. Je le fais, mais je ne pense pas que Doyle avait cette intention. Je crois qu'il est censé être une statue de marbre. Et je disais toujours que je voulais essayer de fissurer le marbre, afin d'avoir un espace où m'introduire en tant qu'acteur.
 
Vous avez parlé de ce que vous aimez chez Holmes. Qu'est-ce que vous n'aimez pas? Le fait qu'il semble si solitaire, si isolé ?
 
Eh bien, ce que je n'aime pas, c'est le fait qu'il soit si sacrément difficile à jouer [rires]. C'est ce que je n'aime pas; le reste va bien. Je pense que j'ai fait une erreur en naissant à cette époque où nous filmons en couleur. Je pense que Basil [Rathbone] s'en tirait mieux en noir et blanc. Je pense que c'est plus dramatique. Aussi, en ce qui concerne le maquillage, car il en faut beaucoup pour me maquiller. J'ai des yeux plutôt grands que je ne peux pas farder et avec un maquillage blanc, mes yeux paraissent rouges et l'intérieur de mes lèvres est rouge, j'ai ainsi l'air très malade. Cela ne se verrait pas, si c'était en noir et blanc.
 
Comment aimeriez-vous voir évoluer le personnage de Holmes ?
 
Eh bien, je suis nerveux maintenant, parce que dans le dernier film, je commence ... j'espère que non, mais je l'ai ressenti lorsque nous avions fini, je leur ai dit: "Ça alors, soyons prudents. Je commence à apparaître à la dérobée."
 
Vous voulez dire votre vraie personne ?
 
Parce que dans "Milverton", je reçois mon premier baiser [applaudissements]. Et c'est comme Scarlett O'Hara et Rhett Butler [rires]. C'est mis en scène de cette façon. Il est en train de marcher, essayant d'entrer dans cette maison en portant un déguisement, il est Ralph, et elle dit: "Embrasse-moi", il répond: "Je ne sais pas comment", ce que Holmes ne sait bien sur pas faire. La scène suivante, elle lui saute dessus du haut d'un arbre, le renverse, et se jette sur lui de tout son long. C'est alors qu'ils se rapprochent, encore et encore. Et il y a ce merveilleux baiser, magnifique baiser. Et vous aurez droit à deux essais pour deviner ce que fait Holmes.
 
Il s'évanouit ?
 
Il éclate en sanglots.
 
Alors combien de temps devrons-nous attendre pour celui-là ?
 
Je pense qu'il sortira comme hors-série à Noël en Angleterre, et je suppose qu'il sera ici le pour prochain Noël, ou quelque chose comme ça. Mais je ferais mieux d'être prudent. Pour moi, c'était tellement amusant, parce que j'ai cinquante-cinq ans, j'ai l'air d'un vieux crocodile et j'ai été à la répétition - j'ai pris ma brosse à dents [rires]. Et j'avais l'habitude de passer la soirée au café et nous sommes tous assis et rouspétons en disant: "Ah, cette récession est terrible". Et je dis: "N'est-ce pas épouvantable? J'ai travaillé si dur aujourd'hui. J'ai été embrassé cinq fois par une jeune femme de vingt-deux ans." Et ils ont rétorqué, "Je te demande pardon. Quoi? " [rires]. J'ai répondu: "J'ai été embrassé par une jeune femme de vingt-deux ans et je suis payé pour ça!" C'était formidable [rires].
 
Avez-vous quelqu'un qui vous est cher dans votre vie actuellement ?
 
Oui. J'ai une petite amie merveilleuse et trois beaux enfants - Caleb, Rebekah et David. Et ils sont tous incroyables. [il sort des photos pour les montrer]
 
Y a t-il autre chose que vous aimeriez partager avec nous ?
 
J'ai cette carte sur moi - maintenant ne me demandez pas pourquoi je l'ai, car je ne peux pas vous le dire. Quand j'étais au National Theatre en Angleterre, pendant quatre ans, j'ai joué dans "Love's Labour's Lost" de William Shakespeare mis en scène par Laurence Olivier. Et ce fut son message à mon intention pour la Première.
 
C'était réellement une note qu'il vous a donnée ?
 
C'est la vérité. Elle a été plastifiée par un petit gars en Angleterre quand j'étais à Dallas, car elle passait de mains en mains. Je lui suis vraiment reconnaissant, sauf que je ne la retoucherai jamais [rires]. Elle dit: "Chéri. Voici ce qu'un acteur doit faire et ne pas faire: Faire: Penser. Garder la tête droite. Penser. Être franc. Penser. Percevoir. Penser. Ecouter. Penser. Être amoureux de Jeanne (sa femme dans la pièce) Flamboyer. [petits rires]. Ne pas faire: (Ne sois pas) Doucereux. Tendre. Adorable. Séduisant. Sérieux. Poli. Elégant. Délicieux."[il retourne la carte]. "Affectueux souhaits. Affectueuse reconnaissance. Affectueuse admiration. Affectueuses pensées de Larry. Amitiés de Larry." N'est-ce-pas une chose adorable à avoir ?
Things are looking up once again on Baker Street. A few months ago, Jeremy Brett was telling the British press that he was thinking about giving up his acclaimed portrayal of Sherlock Holmes in the Granada Television series based on Sir Arthur Conan Doyle's tales of the great detective.
 
But it seems Brett, who most recent series of Holmes stories runs Nov. 14-Dec. 12 on PBS' "Mystery!", has had a change of heart. In fact, he told ANGLOFILE on an October visit to Atlanta, he may end up filming the entire Holmes canon! Next to be seen in Britain will be "The Master Blackmailer," a two-hour Holmes special based on Doyle's "The Adventure of Charles Augustus Milverton," which Brett finished filming about three weeks before his Atlanta visit. Chris Liaguno talked to Brett for ANGLOFILE; here's the first installment of their wide-ranging conversation...
 
At one point, you said that this most recent Holmes series would be your last....
 
Ah, changed. I took a year off, actually got as far as five months, rang up my "angels" [Mobil and Granada Television] and said if they were willing, I was willing, and did I have their blessing and they said yes.... We're selling to 83 countries now, and the last one cleared a bit of ground...Russia. So they're pleased, Mobil's pleased, because it means their Pegasus—you know, their sign—goes to Russia. And my studios are pleased, Granada. They're all pleased.
 
Anyway, I'm going to finish the calendar. I'm going to do another 20 films.
 
What changed your mind about doing it ?
 
Well, largely because they're very sweet to me. I mean, money people are usually quite brisk, but mine aren't, and they keep on giving me spaces so that I've been able to go on and do plays and films. I'm going back to make a film with Harrison Ford. I did a play in '85 on Broadway. I did a play in London in '87-'88. So with those little spaces, I can do it.
 
I thought, why not, I've just got enough steam, and I may have walked away with two sticks and blindfolded, but nevertheless, I'll try and finish it. They're game...and I'm just about game.
 
So you're going to stick it out till all the series are filmed ?
 
Yeah, I think....Well, it's never been done before, so why not? Let's have a crack at it.
 
You've also spoken in the past about the "burden" of playing Holmes and of how at one point you suffered a nervous breakdown. How have you come to terms with that ?
 
Well, that was more the death of my wife [Joan Wilson, who produced "Masterpiece Theatre" and "Mystery!"]. And, I think, as a matter of fact, Doyle, Sir Arthur Conan Doyle's creation, You Know Who, possibly helped me.
 
How so ?
 
Well...it was such a shock. She died in '85 on July the Fourth—quite a day to go, being American...and I was absolutely lost. And I couldn't see the point really in anything, least of all S.H.
 
And in '86, I had this whopping great collapse...but what put me back on my feet was getting, what we say in England, "back on the bicycle."
 
Yeah, and so I went off to the studios and made five more and I began to feel a bit better. I took about--I'm still getting over it--about three years, really. So that was really the reason for that.
 
I think I enjoy playing...I don't think I was really properly cast, because of my part. I play parts like King Arthur, and Henry the V, and heroics and romantics....Robert Browning, Lord Byron...and the classics...Hamlet, in my younger days.
 
Do you like playing those more so ?
 
Yes. The provocation with Holmes is the fact that he's described by Doyle as a man without a heart--all brain...and that's very difficult to play, or even indicate.
 
I made a terrible fool of myself...my camera test, way back in '83. I looked like a gargoyle [laughs] 'cause I was so determined to look right. But I had a white line down my nose and velvet under my chin...and my producer said, "Is there going to be anything of Jeremy in this performance at all?"
 
And I calmed it down a little bit, but it's still quite a... it's not the easiest part to play. Also, it's better read, really, that's the truth of the matter.
 
Why ?
 
Well, the stories leap from the printed page. I mean, when it says, "Holmes crawls through the bracken looking for a clue like a golden retriever," you can see it with your mind's eye. When you do it [laughs], it's hysterically funny.
 
And so I've had wonderful Watsons--I've had two who kind of go [groans], "Holmes is doing it again." And, I mean, I've even had people in the studio, when I had suddenly crawled across the floor, say, "Not another of those" [laughs]. And that's the lighter side.
 
The other thing is, of course, if you go into the canteen for lunch dressed like what I call the "damaged penguin," no one will really sit with you, because you look like death warmed-up [laughs]. When you've got the mask on, and the black hair and the black suit, you really are frightfully cheerful to have lunch opposite.
 
You have said that you're finding Holmes easier to play. How do you keep it interesting? How do you keep it challenging ?
 
Well, I haven't reached him yet. He's one field ahead of me all the time. That's fascinating. That's fascinating.
 
I think the more I play him the more I realize he's impossible to play. I mean, the great models I had--of course the great Basil Rathbone; Robert Stephens, who did the Billy Wilder film, "The Private Life of Sherlock Holmes." Robert Stephens is my best friend in England. I met him last June when I went to see him giving a brilliant performance in the theater and he said, "You know what I think? The trouble with you is that you never realized something. Holmes is hollow." He said, "When I tried to do it, I nearly killed myself....I had a breakdown, tried to kill myself, terrible disasters, but you, of course, with your bubbling sparkling essence bit, you just fill it all up with champagne and Perrier water. Your well is so filled to the brim, you've hardly noticed that there's nothing inside [of Holmes]."
 
The thing is, of course, Robert and I are the same kind of actors. We're both what we call in England, "Becomers"--you become the part you play.
 
What I do is always build up an interior life: Like I've worked out where Holmes was born; I've decided what his nanny was like; he didn't see his mother until he was 8 years old, probably held the rustle of her skirt. The Victorian nanny didn't do anything except rub him and scrub him, tuck him up in bed and dump him. Didn't meet his father until he was 20, and he was a prided, frightened little man, as indeed was his brother, Mycroft.
 
There may have been this beautiful girl, that he feel flat for, but she didn't look at him. So that broke his heart and he thought, "Well, I'm not going to be rejected again," so that's why he's the way he is.
 
So, I've built up this internal life [for Holmes], which has kind of saved my life, really. It's not easy.
 
You've also said you're not anything like Holmes and ....
 
Well, hang on, wait a minute, there's something more insidious than that....He creeps in. I have to watch him like a hawk. I have to be very careful....
 
One of the wonderful things about this glorious holiday trip I'm on is that I'm in public with people. It hasn't been inclined....I don't know--something to do with the death of my wife. It's inclined to make me isolated. And I blame Holmes entirely for that. He encroaches a bit.
 
How do you handle that usually ?
 
I go out heaps. Don't stay in, go out. But I'm conscious of it. That's probably my own problem, nothing to do with Doyle or You Know Who at all.
 
One wonders when you're a "becomer." What a "becomer" means is I'm a sponge, right, I'm an actor. You squeeze the liquid out of your own essence, and draw in the liquid of the part that you're playing. Like Stanislavsky in Russia, like the "Method" here, but that's not quite the same thing. And, if you've got a man without a heart, you've only got a hole.
 
So you basically filled in with your own portrayal of what you thought that would be like ?
 
Yes, and I picked up essences along the way.
 
Because you're a "becomer," doing that probably helped you and your character.
 
Well, it does help and also the fact that, unbelievably, we've never seen Doyle before. Now, don't ask me why that is, I don't understand. All these years, no one has done his stories. They've done derivatives. They've taken the names of Holmes and Watson, but they've never done his stories. I cannot think why. At least that gave me something to do.
 
Also, the fact he [Holmes] only wore the deerstalker hat in the country...that he never smoked a calabash pipe--that was brought in by [actor] William Gillette in New York, at the turn of the century...that he smoked a long, thin, cherry-wood in his disputatious moods, and a grey pipe in his meditative moods--that's the beginning of "The Copper Beeches."
 
So, all these things you can get from Doyle, and when other actors who play Holmes and just pop on the deerstalker, and his cape and the pipe and walk straight through it, puff...puff...puff--and get on with the next thing--that's probably the safer way to train [laughs]--but it's not exactly being true to Doyle. It's just an image, like a cliche, which is not real.
 
Children love him.
 
Why ?
 
I'm not quite sure. [Pulls out a crumpled note from a child with drawings on it.] From Michael McClure II, age 8. [Looking at the note still] Holmes is riding on a dragon...I think he's killing the dragon.
 
So this is a role model for them.
 
I think for the kids, they think he's a hero. I rang [the child's] mother this morning because I wrote him a letter and I wanted to make sure it arrived. He got it through St. Louis, because it was fairly heavy going in St. Louis, fantasywise....I mean, Sherlockian-wise and fan-wise.
 
The two-hour story you recently filmed is based on Conan Doyle's "The Adventure of Charles Augustus Milverton" but it's been reported that the title has changed to "The Master Blackmailer." Why that departure from the original ?
 
Well, this is the first time, and the reason is this: We've done 34 films, over nine years. Some of them, and I'm sure Doyle will forgive me for saying so, need a little help. Then comes "The Adventure of Charles Augustus Milverton." And Dame Jean, Sir Arthur Conan Doyle's daughter, who is a wonderful, remarkable lady, said that she liked the script. It's adapted by Jeremy Paul, who I think is one of our best adapters. And "Charles Augustus Milverton," as a matter of fact, is a very, very short story, only six pages long. "Blackmail" stretches a bit further than just one blackmailer, one piece of blackmail. So we've got four. And, I must say, I was very nervous about tampering with Doyle, but I do believe it's worked. I've not seen it yet, 'cause we've only just finished it, but the news is good. I can give you another example.
 
When I was playing Troilus in Troilus and Cressida, long before you were born, on Broadway, opposite Rosemary Harris, the great towering Guthrie said to us, "At this moment in the play, Shakespeare needs a bit of help." Well, of course, we were so excited we could hardly believe it [laughs]. You try and climb, to survive Shakespeare. And that's really what I think now...we've done the best stories. Little bits of help will be needed but I hope they're done subliminally and carefully so that they're Doylian. The trouble with adapters is, of course, that it's not a natural job.
 
Adapting things means that you really haven't got a creative idea of your own. You're making some money on the side. They consequently, all the time, try and do their own thing. I sit there and read the script and I say, "But don't you think Doyle is better?" That's been the problem all the way through--trying to do Doyle. Now we've reached the point where Doyle needs a little bit of help, but I'll watch that as best I possibly can. And Dame Jean is very close to me, and she gets all the scripts before we shoot things. So, we'll try not to let Doyle down.
 
Can you tell us anything about the film and who is in it ?  
 
Well, my leading lady is a wonderful actress called Dame Gwen Ffrangeon-Davies, and she's 100 years old. She was a leading lady in the theater--and I'm sure Doyle would have seen her, because he died in 1930. She was John Gielgud's leading lady for 30 years, and she stepped out of retirement to play. At the end of the film, she said, "I've enjoyed this so much, I think I'm going to make one film a year from now on." She drinks champagne, smokes Camel [cigarettes], and is a Christian Scientist. So I've only got Christian Science to go [laughs]. I'm ready, I'm going for it.
 
She's wonderful. I've got a brilliant actor playing the blackmailer, Charles Augustus Milverton. You've probably seen him. Do you have a series here which we love in England called "All Creatures Great and Small"? Do you remember the guy, the older vet...Siegfried? Robert Hardy. He's playing the villain. Sophie Thompson, Emma Thompson's younger sister, is playing Agatha, who is my girlfriend in the film. Because Holmes has a disguise--I play a plumber. My motto is: We plumb the depths. She takes a shine to him. It's a fairly horrendous story. I mean, it's all there in Doyle, but when you read: "Lady Diane shoots Milverton in the chest six times and then crushes him in the face with her heel"--that's alright, you can read it. But when you actually manifest it....
 
How do you do something like that ?
 
Very carefully. Very bloody carefully.
 
That brings me to this question: When you're doing a part, how much of a say-so do you get in the script ? Do you actually do any of the writing, not just in "Holmes," but in other characters as well ?
 
I tell you where I come in. First of all, Granada Studios, which are located in the northwest of England, Manchester, in 1983 they kicked me off with only a week's rehearsal. And I said, "I can't make this. If you want me to last, you have to take care of me. I need two." And bless their hearts, they organized that I got two.
 
So, the first week is me with the adaptation down, the producer and the director, and we just--I brought Doyle--we go through it. I bring it back to Doyle, but they've done the adaptation and the spacing before. Then, the second week, the cast comes in and we rehearse so that we got at it with a little rehearsal. Also, it gives the researchers, costume designers all that time. That's a pure luxury and that's what I'm in--that first week. I try not to be too impertinent before that because I am only employed as an actor, and actors in England have to know their place.
 
WGBH has scheduled only five parts of the "Casebook" series for "Mystery!" this fall. Do you know what their plans are for "The Disappearance of Lady Frances Carfax," which isn't scheduled ?
 
Six parts. There are five now, but they're holding one back for the pledge. They're holding back "The Disappearance of Lady Frances Carfax." The writer, Trevor Bowen, and [director] John Madden, who's a lively lad, went off and they decided they'd do their own Doyle, so it's the least Doylian. We finished all those films December 12 last year. We start shooting again in January and I'm doing six next year. I think one is "Sussex Vampire" and another is "Red Circle." And those will be out probably the end of next year.
 
What are your plans to bring your stage play, "The Secret of Sherlock Holmes," to the U.S.?
 
That I planned when I was in New York two weeks ago. I'm going to bring it on Jan. 12, 1993. We had a bad start in England. We ran a year, but we had a very greedy producer who billed it as a thriller, and it's not. I think people were slightly upset. There was no case; it's just Watson and Holmes--Edward Hardwicke and myself. It's a play about them and their adventure, their relationship. If you mislead people and say it's a thriller--The Case of Whatever...there is no case. It's about two men sharing. If we can get that right, and we don't get a greedy producer over here that does the same thing--otherwise I won't do it--then that's the idea. I hope we'll tour. I'd like to do a tour before and after New York.
 
Any non-Holmes projects that you've done recently or have in the works like the film with Harrison Ford? Could you tell us about that ?
 
Yes, it's a Patrick Page. I'm playing an Irishman. I told them not to give it to me till I get on the plane to go back to London from Chicago, because I've got quite enough on my plate already. I'm sure it will be lovely and I'm grateful it is...so glad. Then, I've written a play.
 
Tell us about that.
 
It's a two-hander. It's nothing to do with Holmes and Watson at all. It's about someone who's a psychiatrist, who lives in Iceland, and a man comes to him who is very distrubed. At the end of the play, the man who was mentally disturbed walks away completely perfect, and the psychiatrist has a breakdown...that's basically the story.
 
Is that coming out any time soon ?
 
Well, no. I've got to think it through. The first draft is done. It's just a bit long.
 
Do you find at all that Holmes has typecast you, or are you still offered a variety of roles ?
 
I've just been offered Hector in "Heartbreak House" by George Bernard Shaw, starting rehearsals next week in London. I've just been offered, starting this week, "HenceForward," which is an Alan Aykborn play. I don't really mind actually [the Holmes typecasting]. I must be very gratful to Sir Arthur Conan Doyle because we are in the deepest recession in England, and only five percent of my profession are at work. I'm one of them at work, so I'm not knocking it.
 
Is the Alan Aykborn a comedy ?
 
Yes, but it's a roboty one. I don't like it. I've also been asked to run a preview on the stage, which I did for "Masterpiece Theater," but my darling, Penelope Keith, doesn't want to come into London because she's had a rough time with the critics. So, I'm not doing that. I've got to start work in January. I might just have a chance to go skiing and that's about it.
 
You mentioned some of the roles you liked earlier. Do you have any specific ones you would like to play in the future ?
 
Well, I've played Prospero in "The Tempest" in Canada in 1982. I played him without a beard, and angry, and nutbrown. After all, he is a Bermudian, and it's quite hot in Bermuda. And I had a Miranda and my two sides of Prospero's spirit--Ariel and Calaban--are played by the same actor. And I like to do that. I've been asked by the National to pick what I want to do.
 
Do you ever want to play the villain at any point ?
 
No, I'm playing one now. The villain is not for me. I mean, Holmes is a lovely man, I'm sure, on Tuesdays [laughs]. Villains are very, very boring to do. They're so much easier than heroes. I've just been watching, again because it's the only thing I can get, "Robin Hood--Prince of Thieves." I think the greatest star in American at the moment is Kevin Costner. I think "Dances With Wolves" is probably the greatest film I've ever seen--one of them. It's about a love inside of America that I adore. About courage and strength and pioneer's clarity. And he's brilliant as Robin Hood, and I'm afraid Alan Rickman, who plays the Sheriff, is appalling. I said to him, "Now, I know you're playing a villain, love, I know you're trying to register, I know you're trying to get a better part for the next one, but if you're overacting, it's disgraceful."
Americans love him [Rickman]. When he underplayed in "Die Hard," nobody noticed him. A lot of people were saying the villain overshadowed Kevin Costner in "Robin Hood."
 
I think he's a disgrace. He's a very good actor, too, and that makes it worse. He was brilliant onstage in "Liaisons Dangereuses." Why he's done this--it must be desperation or something. But Kevin, he is my new hero. My old hero, of course, is Robert DeNiro.
 
So DeNiro is your ideal ?
 
Oh, I wish I could find a part [in a film with DeNiro]. I thought maybe I could catch a ball in "Awakenings." But I don't fit into "The Deerhunter." I don't fit into "Raging Bull." I would give my eye teeth to work for him, with him, whatever. Oh, I think he's wonderful. What invention, what courage.
 
What sort of hobbies do you have outside of acting ?
 
Archery. Riding. That's why I was so impressed with Kevin [Costner]. He bothered to learn. He really took his time; he really learned it.
 
Anything else ?
 
Piano. [long pause]. My incense.
 
Your incense ?
My smoking [chuckles].
 
Ah, a smoking meditation.
 
Yes, I meditate and do yoga. I sit cross-legged and try not to levitate too much. Most of the time, I'm off the ground in any case, so I try to get grounded [laughs]. Holmes took yoga from time to time. I was into meditation with the Maharishi, but it was Holmes who took yoga. There are lots of good things about him. I must be careful what I say.
 
About Holmes ?
 
Yes. He's an upholder of the law. He's also a law unto himself. In other words, he releases people and Scotland Yard says "How could you do that?" He also loves children because I've wondered where his love is channeled. Because no one can be that [unemotional]. But I think there is an intimation from the Baker Street Irregulars, the street urchins, and I think he pays them...you see, I'm into fantasy again.
 
But it seems as if it really helps in your portrayal.
 
Yes. So whenever I can, I have the Irregulars around. I think Holmes loves children.
 
Is that what you admire the most about him ?
 
I think it is his power of deduction which is--you see, children have it until the age of 8, and then they lose it because they're told not to look out the window and to concentrate on their Latin. Holmes has been endowed by Sir Arthur Conan Doyle with the antennae of a child. Also, something else--feminine intuition, which I didn't realize until I played him for awhile. He makes these little leaps. You know how a woman can get an answer that a man has to work his way towards, get all the facts?
 
Did you grow into that ?
 
I got that while I was playing [Holmes] over the last nine years. I think he's also probably a role model demanding to be wished, in one or two respects. One is the fact that to be self-sufficient is really quite strong, and he is. I mean he only asks Watson in to help pay the rent. He doesn't really need Watson. I mean, Doyle needs Watson because he needs another person there to tell the story.
 
You don't think Holmes needs Watson ?
 
Not really. I don't think Doyle meant him to. I do, but I don't think Doyle meant him to. I think he's meant to be a marble statue. And I used to say that I would try to put a crack in the marble, just so I have a place as an actor to go in.
 
You mentioned what you like about Holmes. What do you dislike? The fact that he seems so solitary, so isolated ?
 
Well, what I don't like is the fact that he's so bloody difficult to play [laughs]. That's what I don't like; the rest is fine. I think that I've made a mistake in being born in this time when we're shooting in color. I think Basil [Rathbone] had it better off in black and white. I think it's more dramatic, for one. Also, makeup-wise, because it takes a lot to put my makeup on. I have eyes that are rather large which I can't make up and with a white makeup, my eyes look red and my lips inside are red, so I look quite ill. If that was in black and white, it wouldn't show.
 
How would you like to see the Holmes character develop ?
 
Well, I'm nervous now, because in the last film, I'm beginning... I hope not, but I felt when we had finished, I said to them, "Gosh, let's be careful. I'm beginning to peep through."
 
You mean the real you ?
 
Because in "Milverton," I get my first kiss [cheers]. And it's like Scarlett O'Hara and Rhett Butler [laughs]. It's set up like that. He's walking, trying to get into this house, taking disguise, he's Ralph, and she says, "Kiss me," and he says, "I don't know how," which, of course, Holmes doesn't. The next scene, she jumps on him from a tree, knocks him over, and falls on top of him. That's when they come closer and closer and closer. And there's this great smacking, wonderful kiss. And I'll give you two guesses what Holmes does.
 
Faints ?
 
Bursts into floods of tears.
 
So how long will we have to wait for that one ?
 
I guess it will be coming out in England as a Christmas special, and I guess it will be here next Christmas or something like that. But I better be careful. I mean, it was such fun, because I'm 55 and I look like an old crocodile and I went to rehearsal--I took my toothbrush [laughs]. And I used to go back to the bar for the evening and we all sit around and bitch and say, "Ah, this recession is terrible." And I say, "Isn't it ghastly? I've been working so hard today. I've been kissed five times by a 22-year-old girl." And they went, "I beg your pardon. What?" [laughs]. I said, "I've been kissed by a 22-year-old girl and I'm getting paid for it!" It was wonderful [laughs].
 
Do you have anyone special in your life now ?
 
Yes, I do. I have a wonderful girlfriend and three beautiful children-- Caleb, Rebekah and David. And they're all incredible. [Pulls out photos to show.]
 
Is there anything else you would like to share with us ?
 
I've got this card with me--now don't ask me why I've got it because I can't tell you. When I was in the National Theatre in Britain, for four years, I played in "Love's Labour's Lost" by William Shakespeare which [Laurence Olivier] directed. And this was his first night note to me.
 
That was actually a note that he gave you ?
 
That's right. It was laminated by some little Johnny in England when I was in Dallas because this was being passed around. I'm really grateful, except I'll never touch it again [laughs]. It says: "Darling. These are the do's and don'ts of acting: Do's: Think. Keep your neck back. Think. Be frank. Think. Perceive. Think. Listen. Think. Be in love with Joan. Blaze.The Don'ts: Ingratiating. Soft. Adorable. Glamorous. Earnest. Polite. Decorated. Gobblesome." [turns card over]. "Love wishes. Love gratitude. Love admiration. Love from Larry." Isn't that a lovely thing to have?
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