RETOUR
En 1975, j'intégrais la Royal Air Force féminine en tant qu'opératrice en Télécommunication. Ce fut là que je rencontrai mon futur mari, Spencer. Cependant, le mariage ne fut pas heureux et nous avons divorcé trois ans plus tard.
 
Quelques mois après mon divorce, je pris des vacances au Canada. Tandis que j'étais là-bas, j'appris la remarquable histoire de Terry Fox, qui, malgré la perte de sa jambe droite atteinte d'un cancer, s'était engagé dans une incroyable course à travers son vaste pays pour récolter des fonds en faveur de la recherche contre le cancer. Tragiquement, Terry ne termina jamais son Marathon de l'Espoir, car, après avoir couru 3.339 miles [5.370 km] le cancer refit son apparition et provoqua sa mort prématurée.
 
Terry me marqua profondément, ses derniers mots furent : "Je souhaite simplement que les gens réalisent que tout est possible si on essaye, les rêves s'accomplissent si les gens essaient."
 
À mon retour du Canada, j'ai commencé à remettre en question ma vie et ma façon de penser sur ce que j'avais accompli. Je rêvais de faire quelque chose de remarquable de ma vie, mais je n'avais jamais imaginé avoir la capacité d'y parvenir. C'est à cette époque qu'une idée a commencé à germer : courir autour de la Grande-Bretagne, mais alors revinrent les doutes lancinants, j'ai donc opté pour la sécurité en commençant à m'entraîner pour le demi-marathon.
Mon père, Robert, venait du Sud du Pays de Galles et avait travaillé dans les mines de charbon avant de venir travailler à Londres dans une grande usine, où il rencontra ma mère. C'était un grand travailleur qui a appris tout seul le métier d'ingénieur. Deux ans après ma naissance, le comité local réussit à nous trouver notre propre maison dans une petite ville appelée Hanwell, seulement distante d'un demi-mile [805 m] de la maison de mes grands-parents. Nous avons vécu de nombreuses années de bonheur dans cette maison. En 1959 naquit ma sœur, Helen, et la famille fut au complet.
 
Je ne peux pas dire que j'aimais beaucoup l'école car les enseignants étaient très sévères et, si vous prononciez le moindre mot incorrect, ils vous donnaient des coups de baguette. J'étais plutôt bonne en sport, mathématiques et art. Je trouvais l'anglais difficile car les professeurs n'étaient jamais bons, jusqu'à ma dernière année de scolarité, où un professeur, appelé Mrs. Hamilton, enseigna l'anglais de manière à le rendre agréable et facile à comprendre.
 
Avoir un frère plus âgé signifia pour moi jouer à des jeux de garçons plutôt que de filles et le football devint une passion. Quand j'eus 15 ans, je rejoignis l'équipe de football des Queens Park Rangers Ladies et adorais chaque minute de chaque match. Nous avons gagné de nombreux trophées et voyagions dans toutes les parties du monde, y compris la France, la Hollande et la Thaïlande.
Entre tous ces entrainements, je partais voyager à travers le monde dans des endroits merveilleux et intéressants, le Sri Lanka, la Grèce, l'Autriche, la Norvège et les Etats-Unis. Au cours d'un voyage, je me suis rendue seule à Delhi en Inde et continué en train et en bus jusqu'à Katmandou au Népal. De là, je suis retournée en Inde à un endroit appelé Dharamsala et j'ai attendu un bus pour McLeod Gunj, qui abrite de nombreux réfugiés tibétains et le Dalaï Lama, qui a fuit le Tibet en 1959, quand les choses devinrent quelque peu dangereuses. Lorsque l'autobus est arrivé, je n'étais pas sûre d'avoir choisi le bon mode de transport, car il y avait exactement autant de chèvres, poulets et nombreux autres animaux que de gens.
 
C'était un voyage très intéressant du fait que le bus avançait lentement jusqu'à la route de montagne située à 5.400 pieds [1.645 m]. Juste au moment où je pensais que nous n'atteindrions jamais notre destination, des bâtiments surgirent de nulle part, ce qui a été un soulagement car l'une des chèvres et les poulets commençaient à s'énerver mutuellement.
 
J'ai séjourné quelques semaines à McLeod Gunjen, appréciant la tranquillité du lieu et le peuple tibétain. De retour en Angleterre, je me promis de faire le voyage au Tibet pour voir le véritable pays des tibétains. C'est ce que je fis quelques années plus tard et ce fut un voyage dont je me souviendrai toujours avec un immense bonheur, bien qu'ayant souffert par moment du mal d'altitude.
 
En 1988, j'ai décidé que je ne pouvais plus ignorer cette idée tenace de courir autour de la Grande-Bretagne. Je savais que si je n'essayais pas au moins de réaliser mon rêve, je le regretterais le restant de ma vie. Ainsi, pendant une année, j'ai couru chaque jour jusqu'à parcourir une centaine de miles [160 km] par semaine. Lorsque je n'étais pas en train de courir ou de travailler, j'écrivais des centaines de lettres à de grandes entreprises afin d'obtenir leur parrainage, mais bien peu prirent la peine de répondre.
C'est vers cette époque que j'ai vu pour la première fois Jeremy en Sherlock Holmes à la télévision et bien sûr le reste de l'histoire peut être lu dans mon livre, The Jeremy Brett - Linda Pritchard Story. Toutefois, pour ceux qui n'ont pas lu le livre, je dirais que Jeremy a été un fil conducteur pendant ma course et qu'après nous sommes devenus des amis proches. Nous avons passé de nombreux moments heureux à son café du coin, Tea Time, qui malheureusement a fermé maintenant.
 
Vivement encouragé par moi, Jeremy parlait pendant des heures de sa carrière. Puis bien sûr il y eut les moments sombres, quand il tomba malade. Comme toute maladie mentale, la psychose maniaco-dépressive est dévastatrice pour ceux qui en souffrent et ceux qui les soignent. Avec le recul, je me demande comment nous avons pu faire face. Le sens de l'humour de Jeremy fut vraiment d'une grande aide dans cette situation et nous sommes parvenus à rire dans les moments les plus difficiles.
 
Bien sûr, il a fallu des mois pour surmonter la perte de Jeremy, suite à une crise cardiaque. Mais parce qu'il était une personne tellement spirituelle, j'ai la conviction qu'il existe, pour nous tous, beaucoup plus que notre existence limitée sur cette planète, j'ai été en mesure d'aller de l'avant dans ma vie, sachant que Jeremy serait toujours près de moi si j'avais besoin de lui. Je doute qu'un jour ne s'écoule sans que je pense à lui, mais c'est toujours d'un cœur heureux, et sans tristesse. J'essaie de ne pas lui demander de l'aide en cas de problème, mais je lui demande parfois des conseils et je suis heureuse de dire que tous les obstacles ont été surmontés.
En 2001, juste après l'attaque terroriste du 11 Septembre sur New York, la maladie d'Alzheimer  a été diagnostiquée chez mon père et à cette époque j'eus vraiment besoin d'aide. La maladie évolua de façon rapide et la dégradation de la santé mentale de mon père fut déchirante. Nous ne pouvions faire autrement ma mère ou moi que de s'occuper de lui 24 heures sur 24 et, très vite, ma mère aussi fut hospitalisée.
 
Les souvenirs douloureux des visites de Jeremy à l'hôpital me submergèrent de nouveau et je commençais à me demander si je pouvais encore faire face à tout cela.
 
Heureusement, une aide divine doit être venue  de quelque part parce que l'hôpital, où ma mère séjournait, trouva une place pour mon père dans un établissement de soins proche. Après une opération, ma mère rentra à la maison avec un grand besoin de repos.
Je suis née le 4 Juillet 1953 dans une maison rue St Kilda à Londres et suis le deuxième enfant de mes parents [photo ci-contre]. Mon frère Paul est né un an plus tôt pour la plus grande joie de maman et papa, Joan et Robert. La maison où nous vivions était très vaste, ce qui était nécessaire lorsque douze personnes y demeuraient. Mes parents, mon frère et moi occupions une pièce et mes tantes, oncles et grands-parents les autres pièces. Je ne suis pas sûre de comprendre comment nous avons tous réussi à nous débrouiller avec une seule salle de bains.
 
Ma grand-mère avait loué la maison à un propriétaire du quartier, qui auparavant, avait eu des difficultés pour la louer à quelqu'un d'autre en raison des rumeurs qui la disaient hantée. Il y avait tant de gens dans la maison, que je doute que quiconque ait remarqué un drôle de fantôme ou deux. Toutefois, il régnait toujours une ambiance étrange dans l'entrée, là où, à ce qu'on dit, le précédent locataire s'était pendu.
Le 3 Mars 2003, mon père est décédé, à présent libéré d'une maladie qui dépasse le domaine de la compréhension.
 
Je ne vis plus à Londres, devenue trop bruyante et surpeuplée. Ma maison est maintenant située près de la côte dans un paisible village du Devon, où ma mère et moi apprécions le rythme de vie plus lent et le magnifique paysage. Je ne me sens pas moins reliée à Jeremy ou à mon père depuis notre départ, car ceux qui disparaissent ne restent pas attachés au lieu qu'ils ont laissé derrière eux. Ils s'élèvent à une plus grande prise de conscience qui leur donne le pouvoir de veiller sur les vies de ceux qu'ils aimaient et de les aider dès qu'ils sont sollicités.
 
Merci de prendre le temps de lire cette brève autobiographie.
 
Linda Pritchard
 


Un grand merci ! Je tiens à remercier personnellement Linda Pritchard qui m'a très gentiment permis de publier son autobiographie et ses photos sur mon site.
Brève autobiographie par Linda Pritchard