Filmographie détaillée
Un peu plus sur Edward Hardwicke...
Conférence à Indianapolis (2003)
Interview et vidéos : "Elémentaire, Mon Cher Watson" (2003) 
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Hardwicke interpréta un Watson calme et posé, un associé efficace et prévenant. Il a su donner un sentiment de gravité et d'humanité au personnage, loin du style suranné débonnaire et naïf de Nigel Bruce, mais au contraire comme l'avait créé Conan Doyle, intelligent, sympathique, solide. Il fut considéré comme le parfait et imperturbable contrepoint du nerveux et neurasthénique détective de Jeremy Brett. A mesure que la santé de Jeremy se détériorait et sa propre interprétation devenait erratique, Edward semblait parfois être le seul point fixe de la série qui l'a sauvée de ses propres dérives. Son rôle en tant qu'ami fut aussi essentiel pour Jeremy. Tous deux étaient devenus des amis très chers au fil du temps.
 
Après la mort de Jeremy Brett, Edward Hardwicke fit les enregistrements d'une demi-douzaine de remarquables lectures  du Canon. On ignore souvent qu'il a connu une première "expérience" canonique en 1968. Il jouait Mr Davenport dans la production de "L'interprète grec" de la BBC avec Peter Cushing et Nigel Stock.
 
Tout au long de sa carrière, Edward Hardwicke participa à de nombreux films. Il joua le rôle non inscrit au générique de Charles Calthrop dans  “The Day of the Jackal” (Chacal) de Fred Zinnemann en 1973, tourna dans “The Black Windmill” (Contre une poignée de diamants) de Don Siegel en 1974, "Full Circl" (Le Cercle infernal) de Richard Loncraine en 1977. Il incarna le frère attentif d'Anthony Hopkins dans
“Shadowlands” (Les Ombres du cœur) de Richard Attenborough en 1993.
 
Après son rôle de Watson, il reprit sa carrière quelque peu sporadique au cinéma. Il joua Lord Thomas Stanley dans “Richard III” version de Richard Loncraine en 1995, avec Ian McKellen et une foule de grands noms, dont Maggie Smith et Nigel Hawthorne, tourna dans “The Scarlet Letter”  (La Lettre écarlate) en 1995 et "Les Amants du nouveau monde" de Roland Joffé en 1995. Il interpréta le Comte d'Arundel dans "Elizabeth" de Shekhar Kapur en 1998, joua dans "Enigma" de Michael Apted en 2001, et dans la comédie romantique “Love Actually” de Richard Curtis en 2003. Son dernier rôle au cinéma fut celui du bon Mr Brownlow dans "Oliver Twist" de Roman Polanski en 2005. Il préta également sa voix pour la narration de plusieurs films ou jeux vidéo.
 
Sa dernière apparition sur scène eut lieu en 2001, au Chichester Festival Theatre. Dans la reprise de pièce  “The Winslow Boy” de Terence Rattigan, il interpréta le rôle d’Arthur Winslow, que son père avait lui-même tenu dans le film de 1948 d'Anthony Asquith.
 
Dans sa vie personnelle, Edward Hardwicke fut marié deux fois. Il épousa l'actrice Anne Iddon, le 21 Juin 1957 et eut deux filles de son union, Kate et Emma. Cette dernière joua le rôle de Dora en 1994 dans l'épisode "The Three Gables" (The Memoirs of Sherlock Holmes). Il divorça de sa première femme qui décéda en 2000. Edward se remaria le 23 Mars 1995 avec Prim Cotton, dont la fille Claire devint sa belle-fille. Le parrain d'Edward Hardwicke était Ralph Richardson, lien qui le conduisuit à fonder, il y a cinq ans, avec son cousin Michael Woods, la "Ralph and Meriel Richardson Foundation for indigent actors".
Ces dernières années, après avoir renoncé à une petite ferme dans l'Orne en région Basse-Normandie, où il aimait se ressourcer, il vivait à Chichester dans le West Sussex, appréciant se promener avec ses chiens et déjeuner les dimanches avec ses amis.
Edward Hardwicke est mort à l'hospice de la ville, le 16 Mai 2011. Son agent Jeremy Conway déclara qu' "il devait seulement être hospitalisé pour deux semaines, il souffrait d'un cancer." Il avait 78 ans.
Mais c'est avec la série télévisée "Sherlock Holmes", qu'Edward Hardwicke, déjà connu et estimé, grava définitivement son nom comme le docteur Watson, pour son interprétation unanimement applaudie.
 
Lorsqu'il décida de quitter la série Granada, David Burke suggéra le nom d'Edward pour lui succéder à la fin des "Aventures de Sherlock Holmes" en 1984 aux côtés du rôle-titre Jeremy Brett. Holmes, ressuscité d'entre les morts après avoir plongé dans les chutes de Reichenbach, retrouva son ami le bon docteur sous les traits d'Edward Hardwicke, en 1986 dans "Le Retour de Sherlock Holmes".
 
Leur collaboration se poursuivit pendant huit ans, jusqu'en 1994 à la fin des "Mémoires de Sherlock Holmes". Hardwicke incarna aussi le personnage dans les longs-métrages dont "Le Signe des Quatre" (1987) et "Le chien des Baskerville" (1988).
 
Il peignit ce portrait à coups de pinceau plus larges avec Jeremy Brett, quand il joua “Le Secret de Sherlock Holmes” au théâtre Wyndham dans le West End à partir de 1988, puis en tournée jusqu'en 1990.
 
Un critique déclara que "ce Watson était si fidèlement authentique que même le regard d'aigle de Holmes n'aurait pu y déceler le moindre soupçon de faux."
Edward Cedric Hardwicke est né en Angleterre à Londres, le 7 Août 1932. Né sous le signe du du Lion, il était le fils unique d'illustres parents comédiens, Cedric Webster Hardwicke et Helena Pickard.  Son père était l'un des plus importants et célèbres acteurs à l'époque des premières décennies du cinéma parlant. Il servit dans l'armée britannique en France et joua de nombreux rôles classiques dans les meilleurs théâtres de Londres, faisant sa renommée avec les pièces de George Bernard Shaw. Ce dernier dit de lui qu'il était son cinquième acteur préféré après les quatre Marx Brothers.  Pour son travail remarquable sur scène et au cinéma, Cedric Hardwicke devient en 1934, le plus jeune acteur anobli, à l'âge de 41 ans, par le roi George V, une époque où très peu d'acteurs recevaient un tel honneur.
 
Dans ce milieu privilégié et avec un tel héritage, Edward révéla très tôt une authenticité innée pour être acteur. Lui, qui en grandissant devint presque la réplique physique de son père - taille moyenne (5' 9" soit 1m75), râblé, chauve - fit ses débuts à sept ans au festival de Malvern.
 
En 1939, son père décida de partir pour Hollywood afin d'entamer une nouvelle carrière. Le jeune Edward côtoya ainsi les plus célèbres stars américaines du moment que fréquentaient ses parents, dont Nigel Bruce. Il passa une grande partie de son enfance à Hollywood et y fit ses premiers pas au cinema en 1943, à l’âge de dix ans, dans le film de Victor Fleming, “A Guy Named Joe” (“Un Type nommé Joe”) avec Spencer Tracy.
De retour  en Angleterre, en 1944, Edward fit ses études à  Stoove School, Buckinghamshire, puis en 1951-1952, son service militaire dans l'aviation comme sous-lieutenant dans la Royal Air Force (RAF) avec Ronnie Corbett, qui devint son ami de longue date. Enfin, il décida de se former au métier d’acteur et entra à la Royal Academy of Dramatic Art (RADA) à Londres dont il fut membre associé. Entre temps, ses parents avaient divorcé  quand il avait seize ans.
 
Edward Hardwicke fréquenta les planches du Bristol Old Vic, Oxford Playhouse et Nottingham Playhouse et noua, dès cette époque, d'autres amitiés importantes, avec Albert Finney, Anthony Hopkins et Peter O'Toole. Hardwicke partagea un appartement avec O'Toole au cours de son premier emploi d'importance, au Bristol Old Vic entre 1954 et 1957. Après des saisons à Oxford et Nottingham, et quelques apparitions au West End, Edward intégra en 1964 le prestigieux National Theatre de Sir Laurence Olivier.
Il se produisit régulièrement pendant sept ans. Apparut avec Olivier et Frank Finlay dans “Othello” de  William Shakespeare, "Love for Love" (Amour pour Amour) de William Congreve, magnifiquement réalisée par Olivier, "Solness, The Master Builder" (Solness le constructeur) d’Ibsen.
 
Ce furent les années d'or de l'Old Vic. Les nouvelles recrues de Sir Olivier se nommaient Jeremy Brett, Michael Gambon, Edward Petherbridge, Derek Jacobi et Christopher Timothy, celles déjà établies, Robert Stephens, Colin Blakely et Albert Finney.
 
Il joua également dans les pièces : "The Royal Hunt of the Sun" (La Chasse royale du soleil) de Peter Shaffer avec Robert Stephens, "Charley’s Aunt" (La tante de Charley) de Brandon Thomas, “Rosencrantz and Guildenstern Are Dead” (Rosencrantz et Guildenstern sont morts) de Tom Stoppard, "The Way of the World" (Le Train du monde) de Congreve, "The Crucible" (Les Sorcières de Salem) d’Arthur Miller, "The Rules Of The Game" (Le Jeu des rôles)  de Luigi Pirandello, "L’Idiot" de Fédor Dostoïewski et “Mrs Warren’s Profession” (La profession de Madame Warren) de George Bernard Shaw dans le rôle de Praed avec Coral Browne.
 
En 1966, Hardwicke fit en particulier preuve de tout son talent en interprétant Camille Chandebise dans la farce "A Flea in Her Ear" (La Puce à l’oreille) de Georges Feydeau, mise en scène de Jacques Charon de la Comédie Française. Dans ce rôle comique, le trouble de la parole du personnage s'aggrave lorsque les conditions météorologiques changent...
 
Sa carrière se poursuit assidûment au théâtre. En 1973, Hardwicke retourna à l'Old Vic de Bristol pour interpréter le Dr Astrov dans “Oncle Vania” de Tchekov aux côtés de Peter O'Toole. En 1975 au Haymarket Theatre dans le West End, il se produisit dans l'élégante comédie de mœurs de Frederick Lonsdale “On Approval” où il retrouva ses anciens collègues du National Theatre, Geraldine McEwan et Edward Woodward. Le producteur de la pièce, Duncan Weldon, déclara que Hardwicke était un homme sans prétention, plutôt timide, et que c'était un plaisir de travailler avec lui. "Il ne ressemblait pas du tout à un acteur !" Au Yvonne Arnaud Theatre en 1976, il incarna Sir Robert Chiltern dans “An Ideal Husband” (“Un Mari idéal”) d’Oscar Wilde, une production qui fit le tour du Canada. En 1977, il retrouva le National Theater pour la production de "La Dame de chez Maxim" de Feydeau.
 
Edward Hardwicke n'était guère connu jusqu'à son apparition dans la série télévisée "Colditz". Cette série télévisée américano-britannique en 28 épisodes de 50 minutes, fut diffusée entre le 19 octobre 1972 et le 1er avril 1974 sur le réseau BBC1 et mettait en scène la vie quotidienne des prisonniers de guerre incarcérés au Château de Colditz durant la Seconde Guerre mondiale. Edward Hardwicke devint alors une figure familière des téléspectateurs, grâce à son rôle du Capitaine Pat Grant, aux côtés de David McCallum et Robert Wagner, personnage inspiré de l'authentique héros de guerre Pat Reid, qui réussit à s'échapper du camp allemand.
 
Dès lors, ses rôles s'intensifièrent de façon régulière et Edward fit de très nombreuses apparitions à la télévision dans des séries majeures au fil des ans. Il interpréta Arthur, le gendre du vieux coquin de Cobbett Sam, joué par Clive Dunn, dans la sitcom de 1974, "My Old Man". Joua notamment dans "Holocauste" (1978),  le rôle de Bellcourt dans le dernier épisode de "The Sweeney" intitulé “Hearts and Minds”(1978), dans "Oppenheimer" (1980), "Lovejoy" (1992), "Les Mystères de Ruth Rendell" (1997),  "David Copperfield" (2000), "Poirot" d'Agatha Christie (2004), "Fanny Hill" (2007) ,  "Holby City" (2004) et interpréta un vétéran de la Seconde Guerre mondiale dans "Shameless" en (2010).
 
Hardwicke rejoignit la distribution de grands films de télévision, dont "The Gathering Storm" (L’orage en préparation) (2002) et a même tenu le rôle de Sir Conan Doyle lui-même fervent défenseur du surnaturel, dans l'étrange film de Nick Willing "Photographing Fairies" (Forever) de 1997, qui raconte l'histoire du photographe Charles Castle et ses expériences féériques.