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L'ÉPISODE MYTHIQUE
"Le Dernier Problème" est une histoire à part pour les holmésiens puisqu'elle raconte la mythique confrontation entre Holmes et Moriarty pour la première fois dans le Canon et scelle (apparemment) le destin tragique du détective aux chutes de Reichenbach.
Son originalité tient aussi du fait qu-'l n'y a pas d'enquête sur une affaire soumise par un client ni de crime mystérieux, mais bel et bien Holmes qui tente d'échapper à sa propre destruction. C'est une sorte de course poursuite entre les deux ennemis mortels, proie et prédateur étant d'égale stature.
L'épisode est aussi un captivant récit de voyage. Il nous entraîne dans un périple magnifique à travers les sommets spectaculaires des Alpes suisses, et nous dépayse superbement. La nature enchanteresse et le charme du séjour contrastent avec la tension permanente et la menace qui plane à chaque instant.
Le paysage prend une connotation de plus de plus inquiétante aux chutes de Reichenbach, cadre grandiose et terrifiant propice à un dénouement dramatique. On pressent que le drame est imminent dans ce théâtre dantesque.
La musique de Patrick Gowers aux tonalités mineures plus tristes renforce cette atmosphère sombre et inquiétante jusqu'aux sanglots déchirants du violon qui illustrent le chagrin bouleversant de Watson à la fin.
ÉCHOS DE TOURNAGE
John Hawkesworth a eu l'idée de l'enquête parisienne qui n'existe pas dans la nouvelle originale avec l'implication de Moriarty dans le vol de la Mona Lisa. Pour étoffer la brève allusion du romancier à une mission de toute première importance confiée par le gouvernement français, le scénariste s'est inspiré du vol de la Joconde du 21 août 1911.
L'histoire accrédite la machination diabolique et la puissance criminelle dont est capable le génie du mal. Lorsque Moriarty lacère avec rage la copie de la Joconde  devenue inutilisable, on perçoit sa détermination farouche et totale à éliminer Holmes.
Récompensé oiur avoir restitué le chef d'œuvre et démantelé le trafic de faux tableaux, Holmes est décoré de la légion d'Honneur par le Ministre de l'Intérieur. Le détective a bel et bien reçu cet honneur, mais 3 ans plus tard en 1894, pour l'arrestation d'Huret. Dix ans après le tournage de cette scène, l'État français accepta la demande de la Société Sherlock Holmes de France de remettre la Légion d'Honneur à Jeremy Brett qui malheureusement décéda trop tôt pour la recevoir.
Les critiques furent très élogieuses à l'égard du téléfilm et le public vibra d'émotion jusqu'à la dernière image de Watson désespéré par la perte de son ami. Cet épisode clôt en apothéose "Les Aventures de Sherlock Holmes". Il signe également la dernière prestation de l'excellent David Burke remplacé par Edward Hardwicke dans les saisons suivantes.
Conan Doyle: Le Problème final 
PHOTOS DE PRESSE ET DE TOURNAGE
ALBUM PHOTOS DE L'ÉPISODE
Producteur : Michael Cox, Stuart Doughty
Réalisateur : Alan Grint
Scénariste : John Hawkesworth
Décorateur : Tim Wilding
Musique : Patrick Gowers
13ème épisode tourné
Série 2 : 6/6
1ère diffusion : Angleterre: 29 sept 1985 - ITV Network (13ème épisode diffusé); Etats Unis: 13 mars 1986 - WGBH; France: 19 mars 1989 - FR3 (13ème épisode diffusé)
Durée: 51 min
EPISODE  PRECEDENT
Jeremy Brett ...  Sherlock Holmes
David Burke ...  Dr. John Watson
Eric Porter ...  Professor James Moriarty
Rosalie Williams ...  Mrs. Hudson
Olivier Pierre ...  Directeur du Louvre
Claude Le Saché ...  Ministre de l'Intérieur
Michael Goldie ...  Artiste peintre
Paul Humpoletz ...  Herr Steiler
Robert Henderson ... Millionaire américain
Paul Sirr ... Expert en art
Simon Adams ... jeune guide suisse
EPISODE SUIVANT
LA MORT DE SHERLOCK HOLMES
Conan Doyle, établi comme médecin ophtalmologuiste à Londres depuis 1891, consacrait tout son temps libre à l'écriture, ne recevant quasiment aucun patient, comme il le dit dans son autobiographie. Malgré le succès foudroyant des Aventures de Sherlock Holmes, il souhaitait que son nom demeure associé à des œuvres littéraires plus "sérieuses".
Ainsi en novembre 1891, il écrit à sa mère : "Je réfléchis à tuer Holmes... le liquider corps et âme. Il me détourne l'esprit des meilleures choses". Il l'avait prévenue qu'il envisageait la mort de son héros encombrant dans la sixième aventure.
Mme Doyle lui répondit : "Faites comme bon vous semble, mais le public ne le prendra pas de gaieté de cœur". Pour l'en dissuader, elle se mit alors en peine de lui trouver des intrigues et lui proposa notamment les Hêtres-Rouges. Grâce à ses supplications, Sherlock Holmes obtint un sursis.
Au bout du compte en décembre 1893, son créateur jugea qu'il l’accaparait trop et lui faisait perdre le temps précieux qu'il aurait pu consacrer à ses œuvres importantes et en particulier ses romans historiques. Car à cause du succès de Holmes, il n'avait pu réellement se vouer à sa passion pour l'histoire. Cette fois dans The Final Problem, Conan Doyle décida de l'occcire dramatiquement en le précipitant du haut des chutes du Reichenbach.
Quelques années plus tard, rattrapé par le succès et les enjeux financiers, le romancier sera contraint de le faire revenir d'entre les morts et ramener Sherlock Holmes à la vie !
VIDEO CLIP 1
LA PIPE CALABASH
Dans l'imagerie populaire, Holmes est toujours représenté avec un deerstalker (la fameuse casquette de chasse à double visière) et une lourde pipe recourbée appelée Calabash (calebasse). Contrairement à la représentation mythique, Conan Doyle ne fait jamais mention de cette pipe dans ses écrits.
Jeremy, qui a toujours eu la volonté de rester le plus fidèle possible à l'œuvre originale, a dérogé pour une fois à cette règle, et a choisi de fumer la Calabash dans les montagnes suisses. Il savait pertinemment qu'à la date du roman en 1891, cette  pipe n'était pas encore introduite en Angleterre. La calebasse apparut à partir de 1900 avec le retour des militaires de la guerre des Boers en Afrique du Sud. Par contre Jeremy, qui détestait porter le deerstalker, lui préféra un feutre dans l'épisode.
ÉCHOS DE TOURNAGE
Dans cet épisode, Jeremy revêt l'un de ses déguisements les plus étonnants dans le train qui le conduit avec Watson vers le continent. Pour se tranformer en un vénérable prêtre italien, il raconta qu'il fallait plus de deux heures de maquillage à Sue Milton pour placer le faux nez et tout le reste. Ainsi il devait être sûr d'avoir réussi la prise quand il enlevait son déguisement d'un coup dans le compartiment devant Watson médusé. Sinon, il fallait à nouveau deux heures de maquillage pour remettre tout en place avant de filmer à nouveau. Heureusement la première fut l'unique et la bonne prise !
Il n'en fut pas de même pour le corps à corps entre Holmes et Moriarty.
Six prises furent nécessaires. Au fur et à mesure que le tournage se prolongeait, les acteurs étaient de plus en plus trempés. Jeremy se souvient d'avoir terriblement souffert du dos, car mouillé, Eric Porter pesait au moins 6 kilos de plus ! L'acteur garda un souvenir très désagréable de cette lutte qui eut réellement lieu à quelques mètres du sommet des chutes du Reichenbach. Le terrain était extrêmement glissant et dangereux entravant la mobilité des acteurs et chaque fois que Jeremy regardait en bas, il en avait la nausée...
PR. JAMES MORIARTY
Dès l'origine, Michael Cox avait son idée sur l'acteur qui serait un Moriarty idéal. Il confia : "Si Eric Porter avait refusé, j'aurais eu des difficultés à faire un second choix. Quand il nous a rejoint, je lui ai demandé pourquoi il avait accepté d'avoir un rôle relativement peu important. Il répondit : "Je collectionne les rôles de grands méchants britanniques. Je ne pouvais pas résister à ce monstre."  
Effectivement comment décliner d'incarner l'un des plus grands criminels de histoire littéraire ?
Eric Porter donne toute sa densité au "Napoléon du crime", cette créature venimeuse avec sa démarche ondulante, ses oscillations de tête reptiliennes, sa prestance, ses expressions diaboliques propres à inspirer  le dégoût et la crainte.
Eric Porter raconta : "Moriarty est vraiment un personnage d'une complexité incroyable - tout aussi obsédé et mû par son obsession que l'est Holmes. Même au cours de sa brève apparition dans "Le Dernier Problème", il existe encore d'infinies possibilités d'interprétation pour un acteur. Je me suis toujours dit que les précédentes représentations de Moriarty manquaient de réelle profondeur. Il était uniquement joué comme un criminel dégénéré sans l'esquisse d'une tentative pour montrer ses véritables motivations, ego et fierté, qui le conduisent à se confronter avec Holmes afin de prouver qui des deux est le meilleur."
L'acteur conclut : "Jouer avec Jeremy Brett était aussi un magnifique défi, car il était si profondément impliqué dans Holmes qu'il comprenait le moindre des nerfs et des fibres de l'homme. J'aime à penser que j'ai apporté une contribution intéressante à l'interprétation de Moriarty. Nèanmoins, comme Jeremy, j'aie eu peine à supporter de voir les deux cascadeurs se jeter dans le gouffre."
Étrange et triste coïncidence les deux acteurs qui incarnent le héros et son némésis sont décédés la même année en 1995.
 CLIP "La chute"
Les Pipes de Sherlock Holmes
Lettre d'adieu de Sherlock Holmes
SHERLOCK HOLMES VERSUS JAMES MORIARTY
Les Aventures de Sherlock Holmes  (1984–1985)
Nous assistons au drame à travers l'imagination de Watson revenu sur les lieux en toute hâte après avoir compris qu'il était victime d'une fausse alerte.
 
En lisant le bref message trouvé sur un rocher, il comprend que Holmes vient de mourir en luttant contre Moriarty.  Il imagine leur corps à corps féroce, les rugissements haineux de l'ennemi, ses griffes saisissant la gorge de son ami. Il voit leur plongée terrifiante dans le gouffre, filmée dans un ralenti qui intensifie chaque seconde avant que leur corps s'écrasent contre les rochers à pleine vitesse.
 
C'est probablement l'une des scènes les plus poignantes de la série.
Particulièrement déchirante avec l'accompagnement musical, les yeux de Watson s'emplissent de larmes.
 
Dans la dernière scène, la caméra nous montre quelques objets mythiques de Holmes, sa babouche remplie de son tabac, ses pipes,  sa seringue... Les doigts de Watson caressent doucement l'étui à cigarettes de son défunt ami et ce geste silencieux est lourd de l'immense chagrin qui l'accable.
Professeur James Moriarty
LE GRAND SAUT
Pour cet épisode particulier, Michael Cox était bien déterminé à tourner des scènes spectaculaires sur les sites mêmes où elles se déroulent dans la nouvelle du Canon et surtout à filmer la chute extraordinaire des deux ennemis.
Toute l'équipe s'installa donc en Suisse pendant plusieurs semaines en 1985. Ce choix donne toute sa véracité à l'épisode. Il crée un écrin d'une beauté sauvage pour la montée en puissance du drame, lui donnant une dimension quasi épique. La totalité des scènes n'a pas été filmée aux chutes de Reichenbach  dans le canton de Berne. Le face à face entre Holmes et Moriarty, par exemple, a été tourné sur le pont de bois des chutes du Giessbach dans la région d'Interlaken.
Mais le moment clé est l'impressionnante chute dans le gouffre infernal du Reichenbach. Et cette chute est bien réelle ! Aucun effets spéciaux, ni fond vert ! Jeremy et son partenaire Eric Porter ont été doublés par les deux cascadeurs, Alf Joint et Mark Boyle. Pour cette scène, Jeremy qui d'habitude faisait tout lui-même, a préféré passer la main...
La préparation a exigé d'importants moyens techniques pour réaliser cette dangereuse cascade en toute sécurité. Cinq jours ont été nécessaires pour construire la structure en surplomb et tout le dispositif de suspension, puis effectuer des tests avec des sacs de sable.
Le jour J, les deux cascadeurs se jetèrent dans le vide suspendus à des câbles d'acier. Les deux hommes ont effectué un saut de 112m à la vitesse de 48 km/h, qui a duré 25 secondes ! Jeremy les attendait en bas avec une bouteille de champagne pour les réconforter après cette chute vertigineuse. C'est un moment spectaculaire dans la série, surtout quand on réalise que ce sont des hommes qui ont sauté et non pas des mannequins !
L'HISTOIRE
(Décembre 1893)
Au printemps 1891, Watson rentre à  Baker Street pour retrouver Holmes qui vient de passer quatre mois sur le continent. Le détective fait une entrée surprenante par la fenêtre et lui raconte qu'il vient de réchapper à une série de tentatives de meurtre commanditée par le professeur James Moriarty.
Engagé par le gouvernement français pour résoudre le vol de la Joconde au Musée du Louvre, Holmes vient de retrouver le chef d'œuvre et de démanteler le trafic de faux tableaux orchestré par Moriarty. Depuis lors, le détective est devenu une entrave aux agissements et à la liberté de ce génie du mal qu'il a surnommé "Le Napoléon du crime". Pour la première fois, Moriarty décide de s'expliquer face à face avec Holmes et se rend en personne à Baker Street. L'entretien est tendu. Chacun campe sur ses positions et tout compromis est impossible. En partant, Moriarty promet à Holmes une inévitable destruction.
Avant de disparaitre à nouveau, le détective demande à Watson de l'accompagner en Europe jusqu'au démantèlement de l'organisation. Le danger menace en permanence car Moriarty veille. Leur périple, semé de péripéties, est une fuite en avant pour échapper au cerveau criminel jusqu'à Meiringen dans les Alpes suisses. Mais Holmes pressent que l'étau se resserre et qu'il doit faire face, seul, à son destin. Il éloigne Watson en le faisant rentrer d'urgence à l'hôtel au moyen d'une fausse lettre tandis qu'il affronte son ennemi.
En haut des chutes vertigineuses et terrifiantes de Reichenbach, Holmes et Moriarty s’empoignent dans un ultime corps à corps avant de basculer au fond du gouffre...
Sur les lieux du drame, Watson ne retrouve que l’alpenstock de Holmes et un message à son intention rédigé à la hâte. De retour à Londres, accablé de chagrin, il rédige ses dernières lignes sur la fin tragique de son ami ce 4 mai 1891.
Le Dernier Problème
The Final Problem
Saison  1 - Épisode 13 (1985)
Une fois la tension retombée après le départ de Moriarty, Holmes resserre sa robe de chambre contre lui comme secoué d'un frisson. Il révèle ainsi sa fragilité mais aussi sa pleine conscience du péril implacable qui l'attend. S'étant repris, il observe avec dureté derrière sa fenêtre son ennemi mortel, qui le fixe d'un regard haineux lourd de sens.
 
Dès lors commence la traque où, cette fois, Holmes est la proie.
Le détective échappe de justesse à plusieurs attentats. Il craint pour sa vie à chaque instant et au tir de précision du fusil à air comprimé d'un agent de James Moriarty qui peut l'atteindre à tout moment. La seule échappatoire est de quitter l'Angleterre. Mais ailleurs aussi le danger guette et l'angoisse est permanente.
 
Par contre, on pourrait s'interroger pourquoi Holmes a choisi les solitudes alpines pour fuir son ennemi juré, alors qu'il dit à Watson dans Les Hêtres rouges, que l'isolement favorise le crime... ?
Bref. Mais cela nous aurait privés de la scène prodigieuse du combat épique de Reichenbach.
DUEL AU SOMMET
L'épisode montre des scènes très fortes, en particulier la confrontation d'anthologie entre Holmes et Moriarty. Leur face à face à Baker Street est l'une des scènes les plus intenses de toute la série.
 
Entièrement habités par leurs personnages, les deux acteurs dégagent une vraie puisssance émotionnelle. On sent la tension exacerbée entre les deux ennemis mortels, qui se jaugent, se défient du regard, puis s'affrontent verbalement. Dans cet échange policé, chaque phrase est cinglante, chaque mot prend une connotation délétère laissant présager le pire : anéantissement, destruction, danger... La tension dramatique entre le champion de la loi et le Napoléon du crime est à couper le souffle.
 
Pour la première fois, on ressent la peur qu'éprouve le détective, lui qui généralement n'a peur de rien et ne fait que peu de cas de sa propre sécurité. Cette fois, sa crainte est justifiée. En voyant entrer Moriarty, il comprend immédiatement que la situation est inextricable. Holmes sait à qui il se mesure. La partie est peut être trop difficile pour lui et il semble pressentir un dénouement inévitablement tragique.  
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