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MESSAGE ANTI-DROGUE
Au début du récit nous découvrons un Sherlock Holmes malade et drogué. Un grand changement fut apporté par rapport à l'œuvre originale, puisqu'on voit Holmes s'affranchir définitivement de la cocaïne.
Jeremy s'est beaucoup impliqué personnellement dans cet épisode pour faire passer ce message fort contre la drogue. Ayant appris que beaucoup d'enfants regardaient la série et tenaient Sherlock Holmes pour un héros, il voulait montrer à la jeune génération que Holmes n'avait pas besoin de drogue pour être un bon détective.
Il demanda à Dame Jean Conan Doyle, fille de Sir Arthur, l'autorisation d'aborder ce sujet. Avec son approbation, il tourna la scène où le détective enfouit sa seringue dans le sable. C'est donc la dernière fois dans la série où l'on voit Holmes sous l'emprise de substances psychotropes. Dans l'épisode, les hallucinations cauchemardesques produites par la racine létale font tragiquement écho aux dangers de la drogue.
PHOTOS DE PRESSE ET DE TOURNAGE
Producteur : June Wyndham-Davies, Michael Cox  
Réalisateur : Ken Hannam
Scénariste : Gary Hopkins
Décorateur : Mike Grimes
Musique : Patrick Gowers
22ème épisode tourné
1ère diffusion : Angleterre: 6 avril 1988 - ITV Network (15ème épisode diffusé); Etats Unis: 10 nov. 1988 - PBS; France: 26 mars 1989 - FR3 (14ème épisode diffusé)
Durée: 53 min 30 sec
Conan Doyle: L'aventure du Pied du Diable 
VIDEO CLIP
EPISODE SUIVANT
Le Retour de Sherlock Holmes (1986–1988)
L'HISTOIRE
(Décembre 1910)
En mauvais état physique et mental, Sherlock Holmes doit passer quelques semaines de repos en Cornouailles sur ordre de son médecin, pour éviter de tomber gravement malade. Mais à peine sont-ils installés au cottage que Watson trouve son ami encore une fois sous l’emprise de la cocaïne. Néanmoins les circonstances d'un drame particulièrement étrange vont inciter le détective à se libérer de son addiction et à faire preuve de toute l'intégrité de ses facultés.
Ayant quitté la veille au soir sa soeur Brenda et ses deux frères George et Owen après une partie de cartes, Mortimer Tregennis les retrouve le lendemain à la même place autour de la table, sa soeur morte et ses frères  devenus fous.
Contre l'avis de Watson, Holmes commence ses investigations, inspecte les lieux du drame et s'intéresse au docteur Léon Sterndale, chasseur et explorateur. A son tour, Mortimer succombe dans des circonstances mystérieuses. Au péril de sa propre vie et de sa raison, Holmes tente une expérience de combustion avec les cendres floconneuses prélevées dans une lampe à pétrole près du mort et résout l'énigme !
Le détective obtient les aveux du Dr Sterndale qui a tué Mortimer Tregennis pour venger la mort de Brenda qu'il aimait. Avec mansuétude, Holmes le laisse libre de retourner définitivement en Afrique. N’aurait-il pas agi de même par amour et après tout, n’est-il pas en vacances ?
EPISODE  PRECEDENT
ALBUM PHOTOS DE L'ÉPISODE
Pendant ses vacances forcées, Holmes erre sur la lande, fasciné par les mégalithes, médite en solitaire, replié sur lui-même, face aux côtes déchiquetées des Cornouailles. Son obsession de la mort, qui le hante toujours, est manifeste dans le mélange d'accablement et de pessimisme qui le caractérise à ces moments-là.
L'intérêt que porte Holmes aux civilisations anciennes et son questionnement sur la mort viennent aussi des propres interrogations de Jeremy qui travailla beaucoup sur ce sujet en collaboration avec les scénaristes.
Cette angoisse développe de nouvelles facettes du personnage et lui donne une dimension psychologique plus complexe. Son comportement masochiste apparaît également, quand il se livre à des expériences chimiques dangereuses sur lui-même mettant sa vie en danger. Ces pratiques, motivées au premier abord par les besoins de l’investigation, n’en révèlent pas moins des tendances morbides. Un crime va naturellement avoir lieu et Holmes devra surmonter son état dépressif pour mener l'enquête.
ÉCHOS DE TOURNAGE
Dans cette aventure, Watson est plus que jamais indispensable à Holmes. Edward Hardwicke crée un personnage tout en retenue, compréhensif et humain, auquel il donne une grande profondeur psychologique. Le docteur sert de point de repère dans cette intrigue avec ses réactions saines, son implication soucieuse dans les tourments de son ami et dans l'horreur des événements. Il sait que Holmes, stimulé par l'enquête, éprouve une  jouissance exubérante, perd la notion du danger ainsi que toute inhibition, peut enfreindre la loi ou adopter des comportements aberrants. Il sert de garde-fou au détective, qui l'entraîne ici dans une expériences presque mortelle. Holmes met à l'épreuve son dévouement indéfectible, comptant toujours sur lui pour le protéger et même le sauver. Cette fois, conscient d'avoir été trop loin, Holmes lui demande pardon. C'est Jeremy qui eut l'idée de crier son prénom  "John" quand il reprend conscience. Le cauchemar dû à l'emprise des effluves de la terrible racine fait glisser le récit vers une dimension mystique, quasi psychanalytique, qui n'a pas fait l'unanimité. Jeremy travailla avec le réalisateur Ken Hannam sur le contenu étrange de ce rêve hallucinatoire. Les images se réfèrent à la mort, celle de Caïn, d'Œdipe, de Nabuchodonosor, pour finir celle de Moriarty. On voit Holmes se frottant les yeux, du sang dégoulinant sur son visage, errant parmi d'étranges monolithes ou grimaçant de douleur. Toutes ces images pénibles semblent traduire la recherche par Jeremy d'une philosophie de la vie. Attiré par diverses religions, il était proche d'avoir les mêmes idées dans le film tourné plus tard "Le mystère de Glavon Manor" où il ajouta une représentation du Christ dans le salon de Baker Street.
HOLMES ET LA DROGUE
De façon très explicite dans cet épisode, Holmes consomme de la drogue pratiquement à la vue de Watson, dissimulant à peine sa seringue usagée. Nous retrouvons pour la deuxième fois notre détective sous l'influence de substances psychotropes. En tant que médecin, Watson désapprouve totalement le fait que son ami s'injecte morphine ou cocaïne et lui a bien souvent reproché cette fâcheuse et délétère habitude.
Holmes n'est pas adapté à l'inaction. Il ne prend pas de drogue pour maintenir ses extraordinaires facultés de déduction, mais y recourt pour remplacer les effets de leur activité. Son esprit fonctionne au maximum durant une enquête. Voilà sa véritable drogue. Selon lui, la drogue lui permet de se plonger dans un état semblable à celui que lui procure une affaire. Il s'y adonne seulement durant de longues périodes d'ennui et d'inertie quand personne ne sollicite ses services.
A l'époque, la cocaïne n'était pas illégale et il était facile de s'en procurer. L'état de Holmes est ici bien plus grave que dans Le Rituel des Musgrave ou Le Signe des Quatre (monologue repris dans l'épisode Un Scandale en Bohème) car le détective est réellement malade, en proie à une dépression grave et une fatigue chronique. Watson montre une inquiétude et une implication réelles quant à son état de santé. C'est lui qui prend la décision de lui imposer ces vacances et ce repos forcés. Le docteur est mis à rude épreuve dans cette histoire pour tenter de raisonner son ami et le protéger de lui-même !
Jeremy Brett ...  Sherlock Holmes
Edward Hardwicke ...  Dr. John Watson
Denis Quilley ...  Dr. Leon Sterndale
Damien Thomas ...  Mortimer Tregennis
Michael Aitkens ...  Rev Roundhay
Freda Dowie ...  Mrs. Porter
Norman Bowler ...  Owen Tregennis
Peter Shaw ...  George Tregennis
Christine Collins ...  Brenda Tregennis
John Saunders ...  Dr. Richards
L' Aventure du Pied du Diable
The Devil 's Foot
Saison  2 - Épisode 8 (1988)
UN DÉTECTIVE EN PLEINE DÉPRIME
Dans cet épisode, le détective est bien mal en point. Cette fois sa douleur psychologique paraît plus profonde et son mal-être plus grave que dans Le Rituel des Musgrave. Conan Doyle décrit ici la part d'ombre de son héros. La santé de Sherlock Holmes se trouve ébranlée par un surmenage excessif et en 1897, sa constitution de fer révéle des symptômes de lassitude. Dans l'Aventure du pied du Diable, il doit prendre du repos pour s'épargner une grave dépression nerveuse.
L'écrivain connut lui-même une dépression. Après la mort de sa femme, il plongea dans un état de prostration qui allait le conduire à une véritable fascination pour le monde occulte. Tous ces éléments apparaissent dans l'épisode. Holmes est en pleine phase d'anéantissement et d'ennui. Alliage paradoxal d'infaillibilité et d'angoisse, c'est un personnage profondément asthénique, en proie "à la plus noire des dépressions" qui révèle impitoyablement ses doutes et ses imperfections.
ÉCHOS DE TOURNAGE
Pendant ce tournage, la réalité avait étrangement rejoint la fiction, puisque Jeremy était dans le même état psychologique que Holmes. Peu de temps après le tournage des "Six Napoléons" l'acteur avait dû être admis au Mandsley Hospital dans le sud de Londres pour soigner une grave dépression nerveuse. Il y resta dix semaines à cet endroit, décrit par Edouard Hardwicke comme "sinistre et déprimant".
A l'époque du tournage de L'Aventure du Pied du Diable, Jeremy, pourtant à peine remis, se sentait tout de même plutôt en forme.
Selon Edward Hardwicke, il était en phase maniaque de "haut" et d'euphorie, manifestation de sa maladie bipolaire. Pendant ces périodes d'exubérance, il divertissait  les membres de la troupe en chantant le soir pendant le dîner.
Edouard Hardwicke confessa qu'il préférait toujours s'en aller avant que "le cabaret ne commence". "Cela me gênait toujours un peu, mais le reste de l'équipe appréciait énormément". Par contre, Denis Quilley, qui jouait le Dr. Sterndale, évoqua ces bons moments passés  au cours de son évocation à la cérémonie en mémoire de Jeremy.
ÉCHOS DE TOURNAGE
Cet épisode a été entièrement tourné dans les Cornouailles où Conan Doyle avait situé son aventure. Le petit cottage blanc perché dans la lande est Caerleon situé sur le Cap Lizard, le point le plus au Sud de la péninsule de Lizard et aussi le point le plus au sud de l'Angleterre. La géologie de la péninsule de Lizard est remarquable et offre un décor dantesque à l'épisode.
Comme dans "Le Manoir de l'Abbaye", Holmes exerce sa propre justice et se substitue à la loi et à la police, totalement exclues de l'histoire. Il laisse libre un homme coupable. Holmes pardonne les vengeances personnelles pour une cause juste à ses yeux. Sa décision est motivée par sa profonde compréhension des sentiments du meurtrier et des raisons de sa vengeance.
John Saunders, qui joue le médecin examinant  les victimes de Tredannick Wartha, appartenait à la compagnie théâtrale du Library Theatre dont Jeremy fit partie à ses débuts, trente ans plus tôt.  Le scénariste de cet épisode, Gary Hopkins, ne faisait pas initialement partie de l'équipe de la Granada. Il envoya spontanément son scénario à la productrice June Wyndham Davies qui le trouva tellement bon qu'elle l'acheta sans hésiter. Effectivement la dramatique remporta en 1989 le prix Edgar Allan Poe Best Television Episode, décerné par les "Mystery Writers of America".
C'est aussi à cette époque, que Jeremy s'arma d'une paire de ciseaux et se coupa les cheveux très courts. Il en expliqua la raison : "Avant mes cheveux étaient longs et je devais les coiffer en arrière en les plaquant. Maintenant qu'ils sont courts cela me permet d'y passer les doigts et de les ébouriffer, ce que je ne pouvais pas faire auparavant, c'est une autre façon de jouer le personnage." Il est vrai que cette étrange coupe crée à elle seule un Holmes résolument différent et moderne du gentleman aux cheveux lissés.
La véritable explication est plus profonde et d'ordre psychologique. Les cheveux sont l'expression de ce que nous sommes et de ce que nous voulons montrer. Selon Edouard Hardwicke, Jeremy s'attaqua à ses cheveux de manière symbolique et libératrice pour échapper à la sombre emprise de Holmes. Pris au piège de son personnage, qu'il finissait par haïr, Jeremy tentait de préserver son intégrité et de prendre le pas sur lui. Grâce à ce geste radical et libérateur, il put ensuite aborder son rôle avec plus de recul et de sérénité. Mais non sans avoir montré auparavant un comportement plutôt bizarre.
Son excitation associée au contexte de l'histoire, incitèrent Jeremy à faire des ajouts personnels qui n'étaient pas toujours en adéquation avec le Holmes doylien, ni avec ses interprétations précédentes. Il développa quelques idées extravagantes. On voit Holmes s'enrouler de plaids et châles, porter un bandana autour du front, comme Jeremy dans les "sixties" ou s'affubler d'un étrange assemblage constitué d'une écharpe noire enroulée autour de son chapeau. Les critiques ne furent pas convaincus par ce ridicule accoutrement, et le Sunday Times publia une photo sous-titrée "Sherlock Holmes as a teapot".
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