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William Pitt le Jeune
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Number 10 : Bloodline
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VIDÉOS NUMBER 10 (4 VIDÉOS)
Number 10 : Bloodline
- 27 Mars 1983 (Saison 1 , Episode 7) Yorkshire Television
Rôle : Premier Ministre William Pitt the Younger
Jeremy Brett ...  William Pitt the Younger
Caroline Langrishe ...  Eleanor Eden
Keith Barron ...  Second Earl of Chatham
David Ryall ...  Charles Fox
William Simons ...  Parslow
Alfred Burke ...  First Earl of Chatham
Ann Castle ...  Lady Auckland
Charles Stapley ...  Lord Auckland
Elaine Wells ...  Lady Chatham
David Neal ... Dr. Addington
"Number 10" est une mini-série dramatique britannique diffusée du 13 février au 27 mars 1983. Chacun des sept épisodes d'une heure met en avant un événement de la vie  publique ou privée d'un premier ministre occupant du 10 Downing Street entre les années 1780 et 1920. "Number 10" s'inspire plus de la vérité historique qu'elle ne la respecte.
 
La série s'attache ainsi au Duc de Wellington (Arthur Wellesley), Benjamin Disraeli (Richard Pasco), William Ewart Gladstone (Denis Quilley), David Lloyd-George (John Stride), Herbert Henry Asquith (David Langton) et James Ramsay MacDonald (Ian Richardson).
 
L'épisode de Jeremy Brett intitulé "Bloodline" clôture magnifiquement cette série avec  William Pitt le Jeune (1759-1806). Il fut un grand homme d'État, Premier Ministre Tory de 1783 à 1801, puis de nouveau à partir de 1804 jusqu'à sa mort.
 
De santé fragile, il était le deuxième fils de William Pitt l'Ancien, qui avait occupé la même fonction avant lui. Par contre la romance avec Eleanor Eden et la "malédiction" familiale ne servent que l'intrigue.
Comme tout ce qui touche à la véritable vie sentimentale et sexuelle de Pitt (ou de  l'absence d'icelle) il persiste un grand  flou. 'Bloodline' traite de l'unique relation connue de William Pitt et de la cour qu'il aurait faite à Eleanor Eden, la fille d'un de ses collègues. Pitt y mettra fin avant même qu'il ne se passe quoi que ce soit de concret arguant de "difficultés insurmontables" dans une lettre adressée au père d'Eleanor.
 
Il existe nombre d'hypothèses à ce sujet, la plus probable étant les dettes colossales de Pitt, ajoutées au fait qu'il était "marié" à son travail. On a aussi supposé qu'il ne supportait pas celle qui aurait été sa future belle-mère, incapable de garder quoi que ce soit pour elle, ce qui aurait pu être gênant pour un gendre qui a bien des secrets d'état à protéger. Ou encore, on a évoqué l'idée que Pitt était un homosexuel refoulé. Un mélange d'un peu tout cela n'est pas non plus à exclure.
 
"Bloodline" avance une autre hypothèse audacieuse et indémontrable : la peur de sombrer dans la folie comme son propre père. Ce dernier mourant lui aurait fait promettre de ne jamais se marier, ni d'avoir d'enfant, pour ne pas perpétuer l'hérédité familiale.
 
On peut noter que dans la réalité, son frère aîné, John, qui tient de leur mère, n'a visiblement pas souffert de cette fatalité, mais il est mort sans descendance. Rien ne mentionne leur sœur qui a eu des enfants dont une fille, Hester, vraisemblablement perturbée mentalement.
L'intrigue principale est assez brève après un préambule un peu long et traite de l'aspect romanesque, l'aspect politique restant très en retrait. On assiste cependant à une scène clé avec Fox qui vient jouer les trouble-fêtes.
 
La romance entre Pitt et Eleanor donne l'impression d'aller un peu vite en besogne, tous deux semblent trop familiers l'un envers l'autre et leur relation prématurément intime.  La scène d'étreinte passionnée dans la grange n'était pas non plus  indispensable. Plus techniquement, la façon de filmer a vieillie restant très statique, les couleurs sont passées et dégradées, le maquillage n'est pas toujours heureux.
 
Néanmoins, l'interprétation parfaite et l'écriture soignée maintiennent un intérêt constant et de s'investir dans l'histoire. Un clin d'œil nous est même adressé en montrant un dessin du caricaturiste et graveur britannique James Gillray (1757-1815) célèbre pour ses œuvres satiriques à caractère politique et social (dessin ci-dessous).
Des années plus tard, Pitt revoit Eleanore Eden devenue une belle jeune fille de 20 ans. Ctte fois, il tombe éperduement amoureux de celle qui l'aime depuis toujours. Eleanor lui apporte jeunesse et joie de vivre. Son amour pur et dévoué procure à Pitt un bonheur et un réconfort bienvenus. Car en même temps, l'homme d'Etat doit faire face à une crise nationale et défendre son pays contre un Napoléon menaçant. Il est aussi personnellement terriblement endetté.
 
Son frère le duc de Chatham et ses conseillers estiment que cette liaison n'est pas appropriée,  la jeune personne n'étant encore qu'une enfant. William fait la risée du peuple et des caricaturistes. Son frère l'avertit et le confronte à un dilemne : soit mettre un terme à sa relation, soit épouser Miss Eden.
 
Malgré son amour profond, William sait que cette union est impossible. Il a fait le serment à son père sur son lit de mort de ne jamais se marier, ni d'avoir d'enfant. Victime d'une terrible hérédité, William souffre d'intermèdes de folie qu'il parvient à contrôler par de généreuses quantités de Porto. Ses crises ne l'ont jamais empêché de gouverner, mais il doit à tout prix éviter de perpétuer la "malédiction" des Pitt. Le prix est élevé. Il ne peut en faire part à Eleanor qui serait prête à se sacrifier pour lui. Au lieu de suivre les élans de son cœur, il s'incline désespéré et chasse celle qu'il aime.
Ce dernier épisode de la série Number 10 met à l'honneur William Pitt the Younger joué par Jeremy, et raconte un épisode sentimental de sa vie. Une première partie située en 1773 s'interesse à la jeunesse de William. Enfant très précoce, mais à la santé délicate, il est dressé par son père, William Pitt l'Ancien, pour suivre ses traces et dès le plus jeune âge, est destiné à être Premier Ministre. Mais on ressent déjà les prémisses d'une instabilité mentale. Ainsi, la mère du petit Pitt lui confie que du côté de la famille de son père, il y a certes du génie, mais aussi de la folie...
 
On entre dans le vif du sujet après un saut dans le temps. Nous sommes en 1797, Pitt a désormais 38 ans (mais en parait facilement vingt de plus avec ses cheveux blancs). Il est Premier Ministre depuis environ 14 ans car il a occupé cette fonction à la mort de son père alors qu'il n'a que vingt-quatre ans.
 
William Pitt est un brillant homme d'État qui consacre sa vie à son travail et son pays dans un total sacrifice de luii-même. Mais quand l'austère Mr Pitt est présenté à la jeune Miss Eden, il tombe tout de suite sous le charme de la charmante enfant. Elle seule parvient à le dérider et le faire sourire ce qui n'est pas un mince exploit.
Jeremy campe un parfait William Pitt. On s'est de toute évidence basé sur le portrait de John Hoppner (ci-dessus), malgré qu'il soit bien postérieur à l'intrigue, tant la ressemblance au niveau physionomie et physique est frappante. Jeremy apparaît maigre et émacié totalement investi dans son personnage.
 
"Bloodline" peut ne pas être historiquement fondé, n'empêche qu'il dresse un portrait poignant de Pitt et qu'il est difficile de ne pas compatir face à ses tourments, qu'il noie dans le porto (en fait il buvait du porto depuis l'âge de 14 ans, prescrit comme remède contre la goutte).
 
Bien évidement Pitt va respecter la promesse faite à son père et refuse d'épouser Eleanor. Se doutant que s'il lui expose ses motifs, elle va les balayer d'un revers de main en disant que ça lui est égal, qu'elle l'aime et qu'elle est prête à courir le risque qui menace de folie son mari et leurs futurs enfants, il lui raconte qu'en fait il ne l'aime pas réellement, qu'elle est trop jeune. On assiste à une scène tragique à la fin de l'épisode et à la dévastation du brillant homme d'état. C'est les grands points forts de l'interprétation de Jeremy, il passe avec une grande fluidité du politicien froid et prématurément vieilli, à l'amoureux transi, puis à l'homme qui se fissure de toute part et s'écroule dévasté.
DANS LA PRESSE
Dans cet épisode, Jeremy est parfaitement entouré d'acteurs talenteux. A ses cotés, Keith Barron, qui joue son frère le duc de Chatham, qu'il retrouvera en temps que Sherlock Holmes dans le rôle de Ferguson du "Vampire de Lamberley".
 
William Pitt est considéré comme l'un des meilleurs rôles de Jeremy. L'acteur est magistral et atteint le sommet de son art. C'est l'un des épisodes préférés des brettiens et de moi-même. Son interprétation est toute en nuances et subtilité. Jeremy transcende le rôle, libère une sensibilité et une émotion vibrantes, que seul un acteur de son calibre peut réaliser. Il rend palpable la douleur de Pitt, le conflit intérieur de cet homme torturé entre passion et raison. Les amours impossibles sont toujours tragiques, mais ne sont-ils pas les plus beaux ?
 
Cette histoire revêt aussi une résonnance particulière. Le destin de cet homme, tourmenté par ses démons intérieurs et luttant pour garder sa santé mentale, est d'autant plus bouleversant que Jeremy Brett souffrira lui-même de troubles psychiatriques pendant les dernières années de sa vie.
Comme à chaque fois, Jeremy a préparé son interprétation au delà du simple script. Dans une interview pour le magazine canadien de télévision "Starweek", il déclara qu'il avait découvert que Pitt buvait une bouteille de porto par jour, habitude qui le rendait décharné, mais qui lui laissait "la voix chaude et résonante".
 
Jeremy apprit également que Pitt avait de "longs pieds", c'est pourquoi il portait "des chaussures trop grandes dans lesquelles il flottait." Il admettait que "Pitt n'était pas le plus attrayant des personnages, mais il était un brillant homme d'état. C'était très excitant de jouer cet homme racé, à l'esprit brillant, extraordinaire, et physiquement maigre, faible et épuisé."
 
L'acteur garda fièrement un souvenir mémorable au cours du tournage à l'occasion de la visite du Premier Ministre de l'époque, Margaret Thatcher. Cette dernière arriva un matin pour le rencontrer personnellement et visiter le plateau (voir photo de presse :  ICI).
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