ÉCHEC ET MAT
La réalisation est originale et très soignée. L'idée du parallèle entre les événements vécus par Watson et leur reconstitution en saynètes avec des pièces d'échiquier par Holmes est excellente.
Avec une constante recherche d'esthétisme, la caméra filme avec virtuosité ces superbes moments, nous montrant la pipe fumante, le ballet des figurines, le jeu de gros plans sur les mains et le visage soucieux du détective.
Jeremy joue avec maestria, tout en finesse et en retenue. Silencieux et concentré, sa première réplique n'intervient qu'au bout de huit minutes. Son jeu sobre, sa gestuelle étudiée, sa présence, apportent beaucoup d'intensité à ces scènes.
David Suart Davies assista au tournage d'une de ces séquences dans les studios de Manchester. Il raconta qu'une matinée entière fut consacrée à une seule et courte scène de vingt secondes.
Jeremy devait faire tomber une figurine de la cheminée sur des journaux éparpillés sur le sol, dans une position bien particulière, afin que son attention soit attirée par un gros titre. La statuette figurant Lady Frances devait chuter sur l'article de la tragédie d'Almeria sans cacher le titre. Il n'y avait aucun dialogue.
Pour toutes sortes de raisons – mauvais son, ombres mal placées, mauvaise position de la figurine, etc - Jeremy recommença cette même scène, avec les mêmes gestes, encore et encore, pendant plus de deux heures. Il le fit de bonne grâce avec humour, toujours souriant et sans jamais perdre patience jusqu'à la bonne prise !