JB : Je pense qu’il régnait effectivement une grande noirceur à la fin de ce siècle, il y avait le Dracula de Bram Stoker, Le Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde, et Holmes, et ce sont toutes des créatures plutôt sombres. Mais ce que je trouve le plus complexe avec lui, c'est de faire passer ce génie intellectuel, d’où la coiffure, les cheveux plaqués en arrière, pour essayer de ressembler aux dessins qui accompagnaient le Strand Magazine, et le maquillage blanc. Et le maquillage blanc, dont je suis responsable, n’a rien à voir avec Granada, car, bénis soient-ils, ils ont été merveilleux avec moi et pris tellement soin de moi - et ilscontinuent toujours. Mais j’ai créé un maquillage très blanc pour essayer d’avoir l’air très pale et esthétique, et je pense que cela a donné quelque chose de diabolique au visage.
MM : Ce n’est pas pour avoir l’air flagorneur, mais je pense que ça marche absolument brillamment, je pense que vous êtes le meilleur Holmes qu’il y ait jamais eu. Le personnage, s’est-il emparé de vous?
JB : Pendant un moment, je l’ai ensuite laissé de côté. Enfin, ça n’a pas été si facile que ça pendant un temps. Maintenant, je prends un plaisir immense à le jouer. Il m'a fallu beaucoup de temps, pour rentrer dans sa peau et trouver la bonne manière de l’incarner sans en être moi-même affecté. Assez curieusement, c’est plus facile au théâtre. Au théâtre, vous entrez et mettez votre casquette de Sherlock Holmes, et en partant, vous la raccrochez. En tournage, vous vous habillez et vous vous maquillez à six heures et demi du matin, et vous portez ce costume noir de croquemort et ce masque blanc, un peu comme le Fantôme de l’Opéra, un autre du même genre, jusqu’à sept heures du soir. C’était donc plus difficile d’ôter la casquette. Maintenant, je l'apprécie davantage.
MM : Que se passe-t-il avec Holmes, si vous allez en Amérique et parlez de Holmes, tout le monde le connait. A environ un mile d'ici, à Camden au nord de Londres, se trouve Baker Street, son ancienne adresse dans les livres, et je crois, n’est-ce pas, que quarante lettres arrivent chaque semaine à son adresse du livre.
JB : Oui, il y a une petite dame là-bas, qui répond très gentiment aux lettres en disant que Holmes a pris sa retraite, ne peut pas s’occuper de leurs affaires, et se consacre à l’apiculture dans le Kent! (rires).
MM: Pourriez-vous faire cela, de l’apiculture dans le Kent? Je me doute que vous êtes lié à Mr Sherlock Holmes depuis longtemps, non?
JB : Eh bien je vous avoue que c'est un beau rôle, un rôle génialement excitant à tenter de saisir et je ne l’ai pas encore saisi - je n'ai pas encore fini de travailler sur lui et c'est donc passionnant.