Jeremy Brett.fr
 
VERSION ORIGINALE
TRADUCTION FRANÇAISE
Daytime Live (1987) : Interview Mike Morris
MM: Right that’s interesting, that's fact is it?
 
JB: In all the drawings he only wears them in the country. So whenever I'm in the country or it's in the drawings accompanying the story I wear it. Not in town, and of course, there wasn't that (indicates meerschaum pipe) I think that was William Gillette when he said it was easier to speak with a pipe in his mouth, when he had a meerschaum.
 
UW: So it was just a straight pipe?
 
JB: He smoked a disputation pipe - a long thin cherry wood - for his disputation moods, and a short clay one for his meditative moods.
 
MM: It’s all worked out to the last detail, fascinating, we'll chat later, Jeremy.
MM: Tout d’abord, bonjour à vous.
 
JB: Bonjour, bonjour, bonjour.
 
MM : Là, j'aimerais vraiment commencer une enquête, Jeremy, parce que selon ma théorie, votre Holmes, plus que tout autre Sherlock Holmes, incarne le personnage comme étant lui-même proche de la frontière du mal. En un sens, très peu de différence existe entre lui et Moriarty, le génie du mal qui traque Holmes. Suis-je près de la vérité?
 
JB : Sincèrement, j’ai juste essayé désespérément de l’incarner. J’espère bien qu’il y a un peu de spiritualité dans ma manière de le jouer, jusque dans cette extrémité. Je veux dire que représenter le génie est pratiquement impossible, vous savez, pour quelqu’un simplement comme moi. Tous mes efforts pour essayer de montrer sa vivacité d'esprit et le fait qu’il n’extériorise rien, signifiaient qu’il me fallait d'une certaine façon redessiner mon visage. Et le seul moyen d'atteindre le public à travers la caméra est en quelque sorte de montrer les félures dans le marbre, et je crois que sans doute, dans cette tentative, il y a certainement un côté plus sombre chez Holmes.
JB : D'après tous les dessins, il les met uniquement à la campagne. Donc, je les porte chaque fois que je suis à la campagne ou quand c’est représenté dans les dessins qui accompagnent l’histoire. Pas en ville, et bien sûr, il n’y avait pas ça (il montre la pipe en écume), je crois que c’est William Gillette qui a dit qu’il arrivait mieux à parler avec une pipe dans la bouche quand elle était en écume de mer.
 
UW : Alors, c’était une simple pipe droite ?
 
JB : Il fumait une pipe pour l'analyse - longue et fine pipe en merisier - quand il était d'humeur à discuter et une courte pipe en terre quand il avait envie de méditer.
 
MM : Tout est calculé dans les moindres détails, fascinant, nous bavarderons plus tard, Jeremy.
MM: Would you ever do that, bee-keep in Kent? I suspect you're attached to Mr Sherlock Holmes for a long time aren't you.
 
JB: Well I tell you what it's a lovely part, a brilliantly exciting part to try and get right and I haven't yet - I haven't finished working on him yet and therefore it's exciting.
 
MM: Where will Holmes go in the stage version you're doing? Does he take on Moriarty?
 
JB: Yes, Moriarty is very much there. Very much there, I mustn't tell too much about the play because it is an insight.
 
UW: It’s a two-man show actually, as opposed to a one-man show.
 
JB: Well there are about seven ghosts.
 
UW: Oh, ah no one told me about the ghosts.
MM : Ce sont les séquences où vous jouez du violon presque de manière tourmentée, également à l’époque où Holmes a été décrit, l’opium, en fait, n’était pas considéré comme la cochonnerie qu'il est bien sûr aujourd'hui. Et il y a cette limite entre ces deux choses dans votre façon de jouer Holmes, comme si vous semblez être presque tout le temps sur le seuil d’une fumerie d’opium.
 
JB: (rires)
 
MM : Eh bien, parfois, vous en avez l’air.
 
JB : Je viens d’entendre le passage sur le fait de fumer, et il faut que je vous révèle, vous pouvez le dire, que j’ai abandonné les cigarettes (rires).
JB : Il y en a, et c'est une splendide production de Patrick Garland. On commence au Wyndham jeudi prochain, jusqu’en février, je pense. Puis, l'idée est d'arrêter un certain temps, ensuite les Etats-Unis, ce qui sera drôle, parce qu'ils sont fous de lui.
 
MM : Ils sont absolument dingues de Holmes aux Etats-Unis.
 
JB : Ils ont vu tous nos films, vingt d’entre eux, je crois, à peu près cinq ou six fois. Quand j’étais là-bas en 1985, on m’a demandé de faire une petite présentation - je répétais une pièce - je suis entré et j’étais vétu comme d'habitude. Je suis entré, et chaque personne sans exception était habillée en Sherlock Holmes - hommes et femmes. Les femmes avaient des pipes en écume de mer, et tous faisaient ça... (il mime les applaudissements) et j’ai pensé que je devais attendre jusqu’à ce qu’ils partent, parce que je mourais d’envie de voir s’ils allaient sortir comme ça. Et ils l'ont fait, ils ont pris le métro, le bus, monté dans leurs voitures, tous habillés en Sherlock Holmes! Merveilleux!
 
MM : Une dernière question - nous discuterons avec vous plus tard - où sont la casquette de chasse et la pipe? Beaucoup de gens ont dit que votre représentation a renoncé à ces deux accessoires fondamentaux pour une bonne partie du…
 
JB: … il les porte seulement à la campagne.
 
MM: Exact c’est intéressant, c’est la réalité n’est-ce pas ?
JB : Je pense qu’il régnait effectivement une grande noirceur à la fin de ce siècle, il y avait le Dracula de Bram Stoker, Le Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde, et Holmes, et ce sont toutes des créatures plutôt sombres. Mais ce que je trouve le plus complexe avec lui, c'est de faire passer ce génie intellectuel, d’où la coiffure, les cheveux plaqués en arrière, pour essayer de ressembler aux dessins qui accompagnaient le Strand Magazine, et le maquillage blanc. Et le maquillage blanc, dont je suis responsable, n’a rien à voir avec Granada, car, bénis soient-ils, ils ont été merveilleux avec moi et pris tellement soin de moi - et ilscontinuent toujours. Mais j’ai créé un maquillage très blanc pour essayer d’avoir l’air très pale et esthétique, et je pense que cela a donné quelque chose de diabolique au visage.
 
MM : Ce n’est pas pour avoir l’air flagorneur, mais je pense que ça marche absolument brillamment, je pense que vous êtes le meilleur Holmes qu’il y ait jamais eu. Le personnage, s’est-il emparé de vous?
 
JB : Pendant un moment, je l’ai ensuite laissé de côté. Enfin, ça n’a pas été si facile que ça pendant un temps. Maintenant, je prends un plaisir immense à le jouer.  Il m'a fallu beaucoup de temps, pour rentrer dans sa peau et trouver la bonne manière de l’incarner sans en être moi-même affecté. Assez curieusement, c’est plus facile au théâtre. Au théâtre, vous entrez et mettez votre casquette de Sherlock Holmes, et en partant, vous la raccrochez. En tournage, vous vous habillez et vous vous maquillez à six heures et demi du matin, et vous portez ce costume noir de croquemort et ce masque blanc, un peu comme le Fantôme de l’Opéra, un autre du même genre, jusqu’à sept heures du soir. C’était donc plus difficile d’ôter la casquette. Maintenant, je l'apprécie davantage.
 
MM : Que se passe-t-il avec Holmes, si vous allez en Amérique et parlez de Holmes, tout le monde le connait. A environ un mile d'ici, à Camden au nord de Londres, se trouve Baker Street, son ancienne adresse dans les livres, et je crois, n’est-ce pas, que quarante lettres arrivent chaque semaine à son adresse du livre.
 
JB : Oui, il y a une petite dame là-bas, qui répond très gentiment aux lettres en disant que Holmes a pris sa retraite, ne peut pas s’occuper de leurs affaires, et se consacre à l’apiculture dans le Kent! (rires).
 
MM: Pourriez-vous faire cela, de l’apiculture dans le Kent? Je me doute que vous êtes lié à Mr Sherlock Holmes depuis longtemps, non?
 
JB : Eh bien je vous avoue que c'est un beau rôle, un rôle génialement excitant à tenter de saisir et je ne l’ai pas encore saisi - je n'ai pas encore fini de travailler sur lui et c'est donc passionnant.
JB: They come in, and it's a brilliant production by Patrick Garland. We open at Wyndham's next Thursday, for I think, until February. Then the idea is to stop for a while, then the States, which will be hilarious, because they are crazy about him-
 
MM: They are absolutely nuts about Holmes in the States.
 
JB: They’ve seen all our films, 20 of them I think, about 5 or 6 times. When I was there in '85 I was asked to a little presentation do - I was rehearsing a play - I walked in and I was dressed as me. I walked in and every single person was dressed as Sherlock Holmes - men and women. The women had meerschaum pipes and they were all (indicates clapping) and I thought I must wait until they leave because I long to see if they go out like that. And they did, they went on the subway, the buses, they got into their cars all dressed as Sherlock Holmes! Wonderful!
 
MM: One final question - we'll chat to you later - where is the deerstalker and the pipe? Many people have said of your depiction that you've left those two basic props out for a long part of -
 
JB: - He'd only wear them in the country.
MM : Que fera Holmes dans la version que vous jouez au théâtre? Va t-il se battre avec Moriarty ?
 
JB : Oui, Moriarty est bien là, très présent. Très présent. Je ne dois pas trop vous révéler la pièce, parce que c’est psychologique.
 
UW : C’est un two-man show en fait, en opposition à un one-man show.
 
JB: Eh bien, il y a à peu près sept fantômes.
 
UW: Ah, tiens, personne ne m’a parlé de fantômes.
MM: Without wishing to sound sycophantic, I think it works absolutely brilliantly, I think you're the best Holmes there's been. Has it taken you over, the character?
 
JB: For a while, I then tossed him aside. Well, not as easily as that, for a while, I'm now enjoying him immensely. It's taken me long time, to get into him and find the way to play him without it sort of affecting myself. It's funnily enough easier in the theatre. In the theatre you go in and put on your Sherlock Holmes cap and as you leave you hang it up. When you're filming, you get dressed up and made up at half past 6 in the morning and you're wearing that black undertaker's outfit and the white mask, rather like the Phantom of the Opera, another one, until 7 in the evening. So that was harder to take the cap off. Now I'm enjoying it more.
 
MM: What is it about Holmes, I mean if you went to America and talk about Holmes, they all know about him. About a mile away from here in Camden in North London is Baker Street, his old address in the books, and is it, I believe forty letters arrive each week to his address in the book.
 
JB: Yes, there's a little lady there, very sweetly answering letters saying that Holmes has retired, cannot look into their case and is beekeeping in Kent! (laughs)
MM: Good morning to you first of all.
 
JB: Morning, morning, morning.
 
MM: I want to start off an investigation here really, Jeremy, because it is my theory that your Holmes, more than any other Sherlock Holmes plays the character as close to the edge of evil himself. Very little difference in a sense between him and Moriarty, the evil genius who hounds Holmes. Am I nearly right?
 
JB: Truthfully, I just desperately tried to play him. I'd hope there is a little spirituality in the way I play him, as well as that edge. I mean, the representation of genius is practically impossible, if you're a person, you know, just like me. In all my endeavours to try and get across the quickness of mind and the fact that he doesn't show anything, has meant that I've had to kind of draw my face. And the only way to let the audience in through the camera, is to kind of show the cracks in the marble, and I think probably in that endeavour there is certainly a darker side of the moon, to Holmes.
 
MM: It’s the moments when you play the violin, in almost a manic fashion, also in those days when Holmes was depicted, opium was not actually the obscenity that of course it is now considered. And there is that edge in both those things and the way you play Holmes; you sound as if you're nearly on the step of the opium den all the time.
 
JB: (laughs)
MM: Well you look sometimes like that.
 
JB: I’ve just listened to the bit about smoking, and I'm needing to say you can tell I've left my cigarettes off (laughs). I think
there was of course at the end of that century a great darkness, there was Bram Stoker's Dracula, Oscar Wilde's The Picture of Dorian Gray and Holmes and they're all rather dark creatures. But the things that I find most complicated about him is to get across this brilliance of the brain, hence the hair, straight back, trying to look like the drawings that used to accompany the Strand magazine, and the white make-up. And the white make-up, is my fault, nothing to do with Granada, 'cause bless them the were wonderful to me and took such care of me, and still are. But I did a very white make-up to try and make myself look very pale and aesthetic and I think that brought a kind of devilment to the face.  
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