LE MENDIANT POÈTE
Le côté shakespearien du personnage de Boone est souligné par la magnifique scène finale, ajout des scénaristes, où St Clair, jetant les vêtements de Boone au feu, récite un extrait de la tirade d'Horatio à la mort d'Hamlet. Cet acte d'expiation par les flammes ressemble à un bûcher funèbre. Il s'agit bien d'une partie intime de lui-même que St Clair a sacrifié.
Son choix de rester en prison sous les traits de Boone, plutôt que de révéler sa véritable identité peut s'expliquer. Les convenances, la bonne moralité et la pression sociale étaient telles à l'époque qu'il aurait préféré rester emprisonné, voire même être exécuté, plutôt que de faire retomber sur sa famille la honte de son activité de mendiant. Celle-ci se lit très clairement dans les regards désapprobateurs et méprisants de Watson et de l'inspecteur Bradstreet.
Loin de le juger si durement, Holmes semble fasciné par ce personnage hors du commun et presque admiratif envers cet homme cultivé à l'intelligence brillante, qui a du génie dans son genre. Lui seul peut comprendre son attitude, qui fait écho à son propre goût du déguisement, et par là même à son anticonformisme, à son désir d'être libre, de ne dépendre de personne et de fuir la routine et les convenances pour vivre une aventure exceptionnelle.
Jeremy avait une grande facilité pour se déguiser et se métamorphoser parfois en personnage particulièrement laid et repoussant, mais dans cet épisode Clive Francis montre un égal talent !