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L'HISTOIRE
(30 Janvier 1904)
Le professeur Huxtable, Docteur en philosophie et directeur de la prestigieuse Ecole du Prieuré située à Mackleton dans le Nord de l'Angleterre, s'est à peine présenté au 221b qu'il s'évanouit dans le salon. Aussitôt revenu à lui il explique, totalement bouleversé, que le jeune Arthur Saltire, confié à sa garde et fils unique du puissant et illustre duc de Holdernesse, a disparu. En même temps son professeur d’allemand reste introuvable.
 
L’intervention de Holmes est inévitable en raison de la complexité et de la gravité de l’affaire. Il commence ses investigations au Prieuré en interrogeant élèves et enseignants, puis secondé par Watson, parcourt la lande désolée jusqu'à Holdernesse Hall, scrutant les traces de pneus et de sabots, et finit par découvrir par découvrir le cadavre du malheureux professeur. Dans une auberge avoisinante, le comportement des tenanciers éveille les soupçons de Holmes. Le couple semble craindre ou cacher quelque chose.
 
Un autre indice se révèle déterminant. Le cheval loué à l'auberge porte de vieux fers fixés avec des clous neufs. Holmes parvient à percer les secrets de la famille Holdernesse et prouver la culpabilité du secrétaire particulier James Wilder, en réalité fils naturel du Duc. Par jalousie il a organisé l'enlèvement de son demi-frère, et maintenant poussé dans ses derniers retranchements semble prêt à tout. Une folle course poursuite s'engage. Où est le garçon ? L'épilogue atteint son apothéose dans les sombres et inquiétantes grottes de la Cathédrale. Est-il encore temps d'éviter le drame ?
LE DÉTECTIVE ET LE DUC
Une autre modification s'inscrit dans le personnage du Duc de Holdernesse dont le portrait fut totalement changé avec raison.
 
Incarné par Alan Howard, il apparaît comme un homme intelligent et sensible et non comme le vieil homme à l'esprit étroit et au physique ridicule décrit par Conan Doyle : "Un monsieur de haute et imposante stature, vêtu avec  un  soin  scrupuleux et dont le visage mince et tiré s’ornait d’un nez grotesquement long et crochu. Son  teint était d’une mortelle pâleur, ce qui faisait un contraste encore plus frappant avec la longue barbe rousse effilée qui descendait sur son gilet blanc, assez bas pour que sa chaîne de montre brillât dans ses franges. Tel était le majestueux personnage qui nous  fixait d’un regard impassible."
 
Ce parti-pris scénaristique permet de construire une relation substantielle entre Holmes et l'aristocrate et d'ajouter de nombreux dialogues, notamment lors de leur première rencontre. Leurs rapports sont trés finement observés. L'attitude de Holmes, que les puissants n'intimident pas et qui fait fi du rang social de ses clients, froisse l’orgueilleux seigneur de Holdernesse qui n’a pas l’habitude d’être tancé de la sorte. Réticent devant la présence du détective, le Duc se montre rigide et peu coopératif. Il semble presque hostile et indifférent au sort de son fils. Le Duc ne s'adresse pas à Holmes directement, mais par l'intermédiaire  de son secrétaire, c'est à peine s'il le regarde. Peu à peu on assiste à l'évolution de leurs rapports et à celle du Duc lui-même.
ÉCHOS DE TOURNAGE
Jeremy chanta comme soliste dans le chœur d'Eton où il fit ses études et était passionné de musique classique. Il apprécia particulièrement la magnifique bande son de Patrick Gowers et la participation du chœur de Winchester Abbey. La musique sacrée du merveilleux "Libera Me" procure noblesse et magnificence à tout l'épisode.
 
Grâce à des moyens financiers conséquents, la production de la Granada a permis une adaptation grandiose dans des lieux impressionnants ainsi que les intérieurs des demeures seigneuriales. La propriété qui servit de cadre à l'école du Prieuré est Haddon Hall près de Bakewell et le fastueux château qui devint Holdernesse Hall est celui de Chatsworth House, propriété actuelle du Duc et de la Duchesse de Devonshire. Les tournages en extérieurs se sont déroulés dans le Derbyshire qui offre de magnifiques paysages de campagne et de lande.
 
Les mouvements de caméra de John Madden révèlent superbement l'imposante "Cathédrale" souterraine à la lueur des torches enflammées créant un cadre spectaculaire au dénouement de l'histoire.
Conan Doyle: L'école du Prieuré 
UNE HISTOIRE TRAGIQUE
L'École du Prieuré est l'un des épisodes les plus sombres et des plus réussis de la série. C'était d'ailleurs l'épisode  préféré d'Edward Hardwicke qui témoigna : "C'est le meilleur film que nous ayons fait. John Madden était un très bon réalisateur. La mise en scène d'un film doit être organique - le texte, l'action et l'image ne doivent former qu'un seul élément et Tom Sheppard a conçu le scénario comme une unité à part entière."
 
Pour Michael Cox, producteur puis producteur-exécutif de la série, il s'agirait de la seule adaptation filmée de la nouvelle de Doyle en soixante ans. Cette histoire a cependant fait l'objet d'adaptations radiophoniques.
 
La thématique est grave puisqu'il s'agit de l'enlèvement d'un enfant dont la vie est en jeu. Tevor Bowen compose une atmosphère mystérieuse et angoissante dans cette adaptation somptueusement réalisée et filmée. L'intrigue étant complexe, Michael Cox a toutefois regretté que l'explication primordiale de l'astuce du ravisseur pour cacher ses traces ait été révélée à la va-vite.
 
Le générique évoque l'enfant disparu avec subtilité et sensibilité montrant la place vide, les chaussures abandonnées, les livres solitaires, créant le climat inquiétant mais également intimiste que l'on retrouve tout au long de l'épisode.
ÉCHOS DE TOURNAGE
Tous ces moments d'intimité et ces clins d'œil comiques donnent vie aux personnages et les rendent très attachants. Leur complicité n'a pas besoin de mots pour s'exprimer. Dans une première scène belle et originale de l'épisode, nous voyons Watson protéger le repos de Holmes quand il glisse la carte de visite du client dans la poche du gilet de son ami. Le détective fait ensuite sa valise et s'habille pour partir, mais Mrs. Hudson lui apporte le pique-nique qu'elle a pensé d'elle même à préparer, faisant ainsi comprendre à quel point elle connaît son locataire et s'implique dans ses aventures.
 
Ces séquences d'humour et de fantaisie ont fait tout le charme des premières saisons. Elles sont malheureusement devenues de plus en plus rares par la suite dans la série.
 
Edward Hardwicke rapporta qu'à cette époque du tournage, Jeremy commença à présenter des changements erratiques dans son caractère et son comportement. Ce que remarqua également l'un des techniciens en constatant : "Jeremy n'est pas lui-même aujourd'hui". Il restait cependant très professionnel pendant les prises. Ce fut probablement à cette époque que se manifestèrent ostensiblement les premiers signes de sa maniaco-dépression dont il souffrait déjà depuis longtemps.
Jeremy Brett ...  Sherlock Holmes
Edward Hardwicke ...  Dr. John Watson
Christopher Benjamin ...  Dr. Huxtable
Alan Howard ...  Duke of Holdernesse
Nicholas Gecks ...  James Wilder
Michael Bertenshaw ...  Mr. Aveling
Jack Carr ...  Reuben Hayes
Brenda Elder ...  Mrs. Hayes
Nissar Modi ...  Lord Arthur Saltire
William Abney ...  Rivers
L' École du Prieuré
The Priory School
Saison  2 - Épisode 6 (1986)
EPISODE  PRECEDENT
Producteur : June Wyndham-Davies, Rebecca Eaton
Réalisateur : John Madden
Scénariste : T. R. Bowen
Décorateur : Margaret Coombes
Musique : Patrick Gowers
19ème épisode tourné
1ère diffusion : Angleterre:  16 juillet 1986  - ITV Network (19ème épisode diffusé); Etats Unis: 12 mars 1987 - WGHB; France: 30 avril 1989 - FR3 (19ème épisode diffusé)
Durée: 52 min
Blessé par son indifférence, Watson est prêt à partir seul, lorsque Holmes sort brutalement de son mutisme contemplatif en lui proposant avec enthousiasme : "Mon cher ami, vous devez mourir de faim. Observez cette carte, vous verrez qu'il y a une auberge à trois miles dans cette direction." Watson opine de la tête d'un air las et se précipite derrière son ami déjà parti devant comme une flèche.
 
Cette scène était une idée de Jeremy. Par cette initiative, il souhaiter montrer l'amitié entre les deux héros autant que celle qui l'unissait à Edward Hardwicke. La séquence fut reprise et travaillée par les scénaristes et donne au final un splendide moment d'interprétation, teinté d'humour et de sous-entendus lourds de sens.
 
Dans l'auberge tant convoitée, Holmes fume une cigarette sans rien daigner avaler, tandis que Watson découvre écœuré mais résigné, le plat peu ragoûtant que lui sert l'inhospitalier aubergiste. D'un air ironique Holmes, imperturbable, lui demande si la nourriture est bonne...
Le Retour de Sherlock Holmes (1986–1988)
Rapidement leur relation s'améliore grâce à la façon de faire du détective et à son propre caractère. Holmes prouve sa courtoisie et sa bonne éducation par son maintien et sa diction. La prononciation et l'accent anglais sont très différents selon les classes sociales, l'école fréquentée et l'éducation reçue. Il peut ainsi se placer au même niveau que l'aristocrate qui l'accepte et l'invite même à séjourner chez lui. Le Duc apprécie la discrétion et le sentiment élevé de ses devoirs professionnels qui animent Holmes.
 
Holmes réussit à ébranler le Duc grâce au sentiments qu'il éprouve pour son fils; Holdernesse oublie le protocole pour prendre des décisions graves et s'investir lui-même dans l'enquête. Holmes et le Duc se retrouvent côte à côte dans la battue finale. Lors du dénouement, l'aristocrate finit par témoigner de son entière confiance en révélant des détails intimes et son terrible secret de famille. Il avoue ouvertement sa conscience coupable.
 
La récompense royale de 12.000£ qu'il offre à Holmes n'est pas la simple rétribution de ses services, mais un témoignage de sa reconnaissance. Holmes très ému se trouble en découvrant le montant du chèque, et les regards des deux hommes se croisent alors d'un air complice et cordial. Dans le Canon original, le Duc a beaucoup plus à se reprocher que dans le scénario. Et Holmes le lui fait payer cher, au sens littéral. Il est d'ailleurs intéressant de constater que le détective se montre plus volontiers sympathique avec les petites gens qu'avec ceux des hautes castes envers lesquels il ne s'embarrasse pas de politesse.
ÉCHOS DE TOURNAGE
Dans cette adaptation dynamique et rythmée, l'aspect le plus séduisant  est la relation entre Holmes et Watson. Les acteurs expriment parfaitement par leur jeu subtil, sobre et juste, à la fois la distance et la proximité entre les deux hommes.
 
Holmes et Watson suivent les traces de pneus de bicyclette à travers la lande, puis se reposent un instant sur un promontoire rocheux. Frustré et inquiet, le détective se plonge alors dans une intense réflexion, totalement hermétique à ce qui l'entoure.
 
Watson tente désespérément de lui faire comprendre qu'il a faim et souhaite se restaurer à l'auberge qu'il vient de repérer sur sa carte.
 
Silencieux, les yeux dans le vide, Jeremy suggère l'irritation de Holmes avec des signes à peine perceptibles : une légère moue, un mouvement de tête, un soupir esquissé et symboliquement, Edward Hardwicke se rassoit. Lorsque Watson risque une blague, Holmes lui tourne lentement un regard hostile.
On fait une incursion réaliste dans les grandes écoles privées réservées à l'élite aristocratique. L'épisode n'est pas une satire sociale, pourtant la gaieté des enseignants, quand Watson évoque le passé sulfureux des Holdernesse, souligne leur besoin de revanche pour un pouvoir ducal écrasant.
 
L'atmosphère de l'école est magnifiquement reconstituée et montre avec fidélité la vie quotidienne des professeurs et des élèves. Le clivage entre classes sociales est fortement marqué. L'arrivée du Duc provoque l'effervescence au Prieuré et la crainte. Les images de la lande morne et désolée du Derbyshire sont un cadre idéal pour susciter le drame.
 
La découverte du cadravre mutilé est particulièrement impressionnante. L'action est toujours prenante et rapide. Les déplacements s'enchaînent au fil des traversées sportives de la lande à pied, à vélo ou à cheval. Le rythme soutenu jusqu'à la fin se précipite dans un suspense et une tension grandissants. Le scénario a fait l'objet de modifications assez nombreuses par rapport à l'œuvre originale de Conan Doyle, en particulier le dénouement spectaculaire et dramatique, qui atteint son paroxysme dans les ténèbres oppressantes des grottes de la Cathédrale avec la mort de Wilder.
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